LA 36e DIVISION D'INFANTERIE
DANS LE SUD-OUEST
Verdun - Le Ravin de la Mort
Le 26 janvier 1915, le 18e R.I essuie un bombardement intense depuis la veille. Accrochées au rebord sud du plateau de la Craonne, les tranchées françaises, situées au-dessous des positions allemandes, sont dans un inconfort complet. Le 3e bataillon est au centre de la ligne, près d’une très vaste grotte «La Creute» appelée depuis «Caverne du Dragon». La Creute et le Bois-Foulon sont dans un rayon de 2 à 3 km de la commune d’Oulches. L’attaque allemande est commandée par le général Von Elsa à la tête de cinq régiments d’infanterie. Il faut absolument un succès aux Allemands pour fêter l’anniversaire du Kaiser, le 27 janvier. Les Pionniers lancent des grenades dans les boyaux menant à la grotte et progressent inexorablement. Les corps à corps à la baïonnette sont féroces. Les 9e et 12e compagnies sont vaincues par l’ennemi. La Creute est éventrée par un obus allemand. À 13 heures, le capitaine Mirambeau prend le commandement de la défense du bataillon et contre-attaque, jusqu’à la nuit. Sur le front des 2e et 3e compagnies, la lutte est acharnée. Dans la nuit, les 1er et 2e bataillons reprennent la presque totalité du Bois-Foulon mais La Creute reste aux mains de l’ennemi. Le lendemain, le 12e R.I prend la relève du 18e R.I meurtri. Le Sous-Lieutenant vicquois Edgard Kancellary est cité à l’ordre du régiment pour avoir été blessé, le 26 janvier, à 13 heures, au moment d’une contre-attaque qu’il exécutait avec le 18e R.I, au Bois-Foulon, et qu’il ne consentait à être évacué qu’à 20 heures, après la réussite de ce mouvement offensif.
À 11 km à l’ouest de Oulches, sur le plateau de Paissy, le 218e R.I cantonne depuis le mois de novembre. Les soldats subissent le froid et l’humidité. Les abris manquent, la nourriture laisse à désirer. Chaque jour, le bombardement continuel fait de nouvelles victimes. Mais le poilu béarnais se contente de peu et garde foi en l’avenir. Le 22 décembre 1914, le capitaine vicquois René Labeyrie de la 22e compagnie du 218e R.I, est cité à l’ordre de la Division pour avoir tenté, sous la mitraille, de ramener le corps de son capitaine tué près de la tranchée ennemie. Il s’en approche à moins de cent mètres et doit renoncer, par deux fois, sous la violence du feu.
Le 19 novembre, le général Ferdinand Foch déclare qu’après trois mois de campagne, les Allemands ont abouti à une «douloureuse impuissance à l’Ouest». Mais cette impuissance a un prix. Celui du sacrifice de toutes les unités engagées et, particulièrement, des régiments basques, béarnais, bigourdans et landais du sud-ouest de la France. L’offensive de Champagne s’achève. Le paroxysme des combats est à venir.
Les derniers combats du 18e R.I ont eu lieu vers la ferme de la Creute et sur le Bois-Foulon, le 25 janvier 1915. Les contre-attaques françaises ont répondu immédiatement. Et puis le dispositif mis en place par le 18e R.I est remanié. On organise le secteur de Jumigny avec, à droite, les postes avancés du Bois-Foulon qui sont à quelques mètres des Allemands ; à gauche, sur le plateau de Paissy, deux lignes séparées par quelques centaines de mètres. Les Allemands possèdent tout le haut du terrain au Chemin des Dames et sur le plateau de Vauclerc. Un système complet d’observatoires et de postes de guet pour la surveillance est pensé et réalisé. La vigilance du régiment est constante. Les patrouilles fouillent les interlignes sur le plateau de Paissy. Toutes les voies de communication sont enterrées. Le caporal Oscar Lafforgue, originaire de Lafitole (Hautes-Pyrénées) est infirmier militaire à l’ambulance n° 5 de la 18e section (18e Corps) et sa fonction l’appelle sur différents points du secteur pour porter secours à un compagnon d’armes. Le 27 mai, il est à Fismes (Marne) pour aider à une opération de ravitaillement qui n’échappe pas à un aviateur allemand. L’aéroplane lâche une bombe sur l’attroupement et le Bigourdan, grièvement touché par un éclat, ne tarde pas à quitter cette vallée de larmes. Il avait 28 ans.