Edmond Desca
Confidences
«La lutte pour la vie» - cliché Loucrup65.fr
Edmond Desca, le lion de Bigorre, a laissé tomber le ciseau le 24 juin 1918, à Paris. Mort d’une crise cardiaque, il avait 63 ans. Sa production est exceptionnelle : 78 compositions répertoriées, plus de 100 pièces en 40 ans d’exercice. A ce jour, son lieu d’inhumation n’est pas connu malgré nos multiples recherches.
Des dizaines d’articles ont décrit le statuaire Edmond Desca. Mais qui mieux que lui-même aurait pu parler de lui, de sa force et de ses faiblesses, de sa personnalité profonde.
Au mois de novembre 1886, il avoue à son ami vicquois des temps difficiles, Louis Caddau : «Ce n’est que poussé par toi que j’ai osé entreprendre cette longue lutte qui n’est pas encore terminée...En me faisant comprendre que je pouvais affronter les difficultés qui se présentent dans la carrière artistique, en m’obligeant à me présenter à l’École des Beaux Arts, je me suis engagé avec confiance dans cette route pénible...Doué heureusement d’une constitution capable de résister aux souffrances physiques que j’ai dû endurer, d’une volonté dont je suis moi-même surpris et fier, j’ai osé entreprendre le combat de la vie pour l’Art».
Au mois de mai 1888, il écrit à un autre ami vicquois Norbert Rosapelly :
«Cette énigme, la vie, dont chacun cherche le sens, je la débrouille presque et celle qui m’est imposée par la fatalité, la vie dans l’art et la pauvreté, est bien, je crois, la plus difficile à deviner.
Je ne me laisse pas cependant dominer par le désespoir, car j’ai, ce qui chez les autres est une faiblesse, la colère que j’estime une force, car elle m’énerve au point de devenir presque orgueilleux et c’est cela qui me fait simplement fier et digne, n’admettant point la moindre offense, surtout quand je suis le plus anéanti.
C’est toute la richesse que j’ai reçue en venant au monde. Je la traduis, tant bien que mal, dans mes œuvres mais qu’importe, on sent tout de même toute ma franchise et l’indomptable que je possède».
"L'Immortelle" & Claude Larronde - Conférence du 27 janvier 2018
cliché Josiane Pomès
Les obsèques d’Edmond Desca, membre du Comité de la Société Libre des Artistes français et membre du Jury du Salon de sculpture, furent célébrées, le 27 Juin 1918, en l’église Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle (XVe).
Voici un extrait du discours de son Président, M. Legastellois : «Il fut le lutteur plein d’ardeur et de haute conscience. Sa droiture et son équité contribuèrent avec le concours de ses collègues, à soutenir les aspirations de ceux qui seraient restés dans l’ombre, à les réconforter pour lutter contre l’ingrate vie réservée aux méconnus, aux oubliés. Sa franchise prenante, sa bonne et forte volonté ne cessèrent d’influer sur les décisions prises en commun. Travailleur sincère, son œuvre fut d’un caractère élevé et puissant. La noble simplicité de ses sentiments d’artiste se manifesta toujours avec une grande probité mise au service du beau, dans une exécution poussée et bien étudiée. Sa vie simple et modeste, ses rapports avec tous ceux qui l’approchèrent ont été un exemple de bonne camaraderie et de bons conseils… En nous inclinant devant ce cercueil, nous saluons en lui un grand talent, un affectueux camarade».