VIC, CHEF-LIEU DE BAYLIE

 

Avant de devenir chef-lieu de canton, Vic-en-Bigorre est le chef-lieu d’une baylie. Depuis le XIIe siècle, l’administration des provinces est confiée aux baillis, connus dans nos contrées sous l’appellation de sénéchaux, chargés de la sûreté générale. Au-dessous des baillis, les prévôts, appelés bayles dans le Midi de la France, sont dotés d’attributions judiciaires et chargés de percevoir les redevances du domaine royal telles que le cens, les amendes, etc. Nommé par le comte de Bigorre, le bayle comtal a toute autorité dans sa juridiction que l’on appelle baylie. Au début du XIVe siècle, Vic-en-Bigorre compte un bayle et un viguier royal, Arnaud de Villanova, chargé de convoquer la cour et l’armée dans toute la viguerie de Vic-en-Bigorre et « porter la bannière du lieu à l’armée jusqu’à la sortie de la ville » (1).

 

Le viguier est un chef militaire ayant prédominance sur les bayles pour ce qui concerne le service armé du Comte. Il est mentionné un bayle à Andrest, Bazillac, Caixon, Camalès, Lou Castéra (Castéra-Lou, par erreur d’inscription, depuis 1846), Escaunets, Lacassagne, Larreule, Lescurry, Monfaucon, Nouilhan, Pujo, Saint-Lézer, Sanous, Sarriac, Séron, Siarrouy et Villenave près Marsac.

 

Vers 1260, les « redevances dues par Vic et ses appartenances » (2) et, en 1300, les revenus de la baylie vicquoise déclarés devant Bertrand de Naosse, bayle, Arnaud de Rassères, sous-bayle, Sanche Dupont, garde et maître Raymond Arnaud, sous la forme de cens et oublies - argent, pains, denrées, céréales - d’arciut - argent, repas - et quêtes - argent - prélevés à Larreule, Parrabère (section D de Larreule), Baloc, Réouly (« Raouly» à Monfaucon), Ansost, Liac, Buzon, Lacassagne, Siarrouy, Ainx (nord de Montaner), La Lanusse (landes de Caixon), Escaunets, Séron, Maure (canton de Montaner), Abos (aujourd’hui, annexé à Peyrelongue), Bédeilles, Sanous, Camalès et Vic-en-Bigorre, s’élèvent à 166 livres 9 sols 2 deniers Morlàas (3). La baylie de Vic-en-Bigorre compte alors 1200 feux répartis entre 29 communautés sur une superficie de 190 km2. Sa densité est de 6,3 foyers au km2 (4).

 

Cette entité, un peu floue, préfiguration de ce que deviendra le canton de Vic-en-Bigorre, cinq siècles plus tard, sera précisée sur le « Debita Regi Navarre », registre des redevances de 1313. La baylie de Vic est alors l’une des neuf vigueries ou baylies qui composent le comté de Bigorre. Sous l’autorité du bayle de Vic-en-Bigorre, elle comprend 35 communes, lieux ou hameaux, dont : Ansost, Artagnan, Baloc, Barbachen, Bazillac, Bordun (à l’est de Lafitole), Caixon, Camalès, Lou-Castéra, Escondeaux, Florence (au nord de Bazillac), Gensac, Lacassagne, Lafitole, Larreule, Lescurry, Liac, Marsac, Monfaucon, Monfaucon le Château, Nouilhan, Parrabère, Pujo, Rabastens de Bigorre, Saint-Lézer, Sanous, Sarriac, Ségalas, Siarrouy, Talazac, Theulé (au sud-est de Ségalas), Tostat, Ugnouas, Vic-en-Bigorre et Villenave près Marsac. Un siècle plus tard, en 1429, Johan de Ruffat est bayle de Vic. La courbe de la population de Vic-en-Bigorre + Baloc a chuté de 470 à 188 foyers. L’épidémie de peste de 1348 a fait des ravages dans la baylie. Quelques paroisses disparaissent pour un temps : Bordun, Gensac, Liac, Talazac ; d’autres : Florence, Theulé, s’effacent définitivement.

 

En 1536, devant Dominique Bayla, conseiller du prince Henri III, roi de Navarre et comte de Bigorre, vingt communes sont recensées dans la baylie de Vic-en-Bigorre : Andrest, Artagnan, Bazillac, Camalès, Escaunets, Lafitole, Larreule, Liac, Marsac, Nouilhan, Pujo, Saint-Lézer, Sanous, Sarriac, Séron, Tostat, Ugnouas, Vic-en-Bigorre, Villevave près Béarn (Vilanaba ou Viellenave) et Villenave près Marsac (Gelanaba ou Gellenabe) (5).

 

En 1619, Jacques Casaubon, conseiller secrétaire du Roi, déclare que la « juridiction, carteronage et bailiage » de Vic-en-Bigorre exerce les lois « petites et grandes » sur Andrest, Artagnan, Bazillac, Escaunets, Lafitole, Larreule, Liac, Marsac, Pujo, Saint-Lézer, Sanous, Séron, Tostat, Ugnouas, Vic-en-Bigorre, Villevave près Béarn et Villenave près Marsac. La « moitié » de la loi s’exerce à Camalès et une partie « seulement » à Sarriac. En 1668, la communauté de Nouilhan revient dans la baylie de Vic-en-Bigorre mais peut-être a-t-elle été oubliée dans la liste de 1619 ? En 1727, Talazac, qui avait disparu sur le censier de 1429, réapparaît (6).

 

Le 15 janvier 1790, « La Bigorre et les Quatre Vallées », par décret de la Constituante, décide que le pays quarteron de Vic-en-Bigorre sera composé des 30 communes suivantes : Andrest, Artagnan, Barbachen, Bazillac, Bordun, Caixon, Camalès, Escaunets, Gayan, Gensac, Lafitole, Lagarde, Larreule et Parrabère, Liac et Baloc, Marsac, Monfaucon, Nouilhan, Oroix, Pintac, Pujo, Saint-Lézer, Sanous, Sarniguet, Séron, Siarrouy, Talazac, Tostat, Ugnouas, Vic-en-Bigorre et Villenave près Marsac. On est presque revenu à la situation de 1313 ! Le nouveau canton qui n’est qu’une division territoriale, devient, à la fin de l’année 1790, non seulement un chef-lieu électoral mais aussi un centre judiciaire auquel est attaché un petit tribunal : la Justice de Paix. Le Directoire du département ordonne un nouveau découpage, le 4 décembre 1790, qui s’accorde mieux avec « le bien général ».

 

Un nouveau fractionnement subdivise le district de Vic-en-Bigorre en 4 cantons et le nouveau canton de Vic-en-Bigorre comprend 16 lieux ou communes : Andrest, Artagnan, Baloc, Bourrieu (quartier de Camalès), Caixon, Camalès, Escaunets, Lafitole, Nouilhan, Pujo, Saint-Lézer, Sanous, Siarrouy, Talazac, Vic-en-Bigorre et Villenave près Béarn. Les communes de Bazillac, Liac, Marsac, Sarriac, Tostat, Ugnouas et Villenave près Marsac sont démembrées du canton de Vic-en-Bigorre pour être rattachées au nouveau canton de Rabastens de Bigorre (7).

 

Depuis la Révolution, Baloc n’est plus « uni » mais intégré à Vic-en-Bigorre et Bordun n’est plus qu’un toponyme « Bourdun », à l’est de Lafitole. Marsac et Villenave près Marsac ont regagné le giron de leur ancien canton et Lafitole a choisi le canton de Maubourguet.

 

Aujourd’hui, quinze communes composent l’administration cantonale vicquoise qui rassemblait 9228 habitants, en 1999.

(1) « Les noms de famille de Vic-Bigorre, du XIIIe au XXe siècle » - p.43 - Claude Larronde - Édition Les Amis du Vieux Vic et « Debita Regi Navarre » de 1313 - F° 111.


(2) « Cartulaire de Bigorre » - E.368 - A.D.P.A, à Pau.


(3) « Enquête de l’année 1300 sur les revenus et fiefs du comté de Bigorre » - Gaston Balencie - 1884.


(4) En 1328, la densité de la France est de 7,7 feux au km2.


(5) Glanages de Jean-Baptiste Larcher - tome IV - p.192.


(6) Glanages de Jean-Baptiste Larcher - tome IV - p.350.


(7) « Un régime qui finit » - 1905 - p.278 et « Un régime qui commence » - 1911 - p.82 - Abbé Louis Ricaud.