VIC-EN-BIGORRE EN 1789

Les doléances de Vic-en-Bigorre

 

« D’après cet aperçu, vous devez sentir, Messieurs, combien il nous importe dans un moment ou le Roi et la Nation vont s’occuper du grand ouvrage de la régénération et de l’amélioration de la Constitution politique de l’État, de faire entendre nos faibles voix et de demander:

1 - Que les députés de cette province aux États généraux ne soient point élus par l’assemblée de nos États; parce que cette assemblée n’est pas formée par les représentants du pays. On aurait beau objecter qu’en 1614, les députés furent élus par les États, l’ignorance des vrais droits du Tiers État était si profonde dans ce siècle qu’il ne savait que gémir sous le poids de l’aristocratie féodale. D’ailleurs la France étant une monarchie, le Monarque et la nation sont vivement intéressés à repousser de leur sein toute assemblée purement aristocratique.

2 - Que les Électeurs de chaque ordre s’assemblent séparément et qu’ils élisent librement leurs représentants.

3 - Que les représentants du Tiers État soient en nombre égal à ceux des deux autres ordres réunis et que les voix se colligent par têtes.

4 - Enfin que l’organisation de nos États soit modifiée à l’avenir sur le plan des trois ordres du Dauphiné ou des États du Béarn ».

 

Pour ce qui concerne le cahier de doléances vicquois, il semble qu’il a bien été rédigé puisque la grande assemblée tenue en l’église Saint-Martin, le 27 mars 1789, pour l’adoption du cahier des doléances et signé par 88 vicquois « Tous nés françois ou naturalisés, âgés de 25 ans, compris dans les rolles des impositions, habitants de ladite ville composée de 900 feux… », a élu quatre députés: Carrère, docteur en médecine, Arnaud Dupont, notaire royal, Dominique Lalanne, assesseur, ancien gendarme de la garde du Roi , futur maire élu de Vic-Bigorre, le 28 janvier 1790, Fourcade, avocat, et les a mandaté pour « proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui pourra concerner les besoins de l’État, la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l’administration, la prospérité générale du royaume et le bien de tous et de chacun des sujets de Sa Majesté ».

Ce texte reprend les doléances formulées le 26 décembre 1788. En l’absence du cahier originel et eu égard à la qualité des intervenants et à l’ampleur de la déclaration du premier magistrat de la ville, cette séance, tenue le lendemain de Noël 1788, doit être considérée comme l’expression des doléances de la communauté vicquoise.

Le procès-verbal de cette séance mémorable s’achève ainsi:

« Sur quoi, moi Me Ramonané Pambrun faisant les fonctions de procureur du Roi, en l’absence de Me Pujo avocat procureur du Roi en titre; il a été délibéré unanimement que le Roi sera très humblement supplié d’ordonner que les députés de la province de Bigorre aux États généraux seront élus librement par les électeurs de chacun des ordres assemblés séparément. Que les représentants du Tiers État seront égaux en nombre à ceux des deux autres ordres réunis et que l’organisation des États de la province de Bigorre à l’avenir sera modifiée sur le plan des trois ordres du Dauphiné ou des États du Béarn. De plus, il a été délibéré qu’extrait de la présente délibération sera adressée à Monseigneur de Necker, Ministre d’État et Directeur général des finances, en le suppliant de le mettre sous les yeux de Sa Majesté et des États généraux et d’accorder sa protection aux habitants de cette province. Lesquels MM. assemblés ont signé au registre et moi secrétaire qui ai expédié le présent conforme à icelui, en foi de quoi. Signé Roger B. secrétaire ».