VIC-EN-BIGORRE - LES OFFICIERS DU ROI

Sur le livre terrier de 1631, Vic-en-Bigorre regroupe 452 “feux” répartis sur neuf “dizaines” - quartiers - soit en moyenne 2300 habitants durant la deuxième partie du XVIIe siècle.

 

Après la mort de Mazarin, en 1661, le roi Louis XIV gouverne seul. C’est le moment choisi par les familles de la bourgeoisie vicquoise pour diriger leurs rejetons mâles vers le métier des armes, principalement dans le corps de l’infanterie qui jouit, alors, d’un prestige supérieur à celui de la cavalerie. On compte jusqu’à 90 officiers de tous grades qui font de Vic-en-Bigorre une cité à l’esprit patriotique à fleur de peau et qui demeure un phénomène social unique dans l’histoire des villes du comté de Bigorre. Outre les militaires en activité, la Ville tient quatre compagnies bourgeoises prêtes à manœuvrer qui font l’exercice les jours de fête et sont commandées par quatre capitaines expérimentés.


En novembre 1663, la première compagnie du régiment royal de Vic-en-Bigorre est commandée par le capitaine Pierre Laclotte, fils de notaire et “homme d’esprit et de belle figure”. Avant sa mort, le cardinal Mazarin lui a offert de prendre la tête d’une compagnie du roi. Il n’accepte pas cette faveur. Il le regrettera car “la fortune lui sera contraire le reste de ses jours” affirme Emile Lacassin. La deuxième compagnie est commandée par le capitaine Cazenave, seigneur de Silhac. La troisième par le capitaine Darmagnac de Lavedan, seigneur de Horgues et la quatrième par le capitaine Monlezun, seigneur de Peyrun. Ce régiment vicquois aurait pu connaître la gloire du champ de bataille. L’une de ses compagnies reçut l’ordre de marche. Pujo-Labatut prit son commandement et Monlezun, fils du précédent, qui avait servi en tant qu’officier dans les régiments du Laonnais et de Louvigny, en fut le lieutenant. Mais pendant le déplacement de la colonne, la compagnie reçut, hélas, un contre ordre et l’on rentra déçu à Vic-en-Bigorre.


La campagne de Hollande - 1672-1678 - se fit durement sentir dans le pays. La coalition formée par l’Espagne, l’Angleterre, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Savoie et le Portugal, dite Grande alliance de La Haye, épuisa l’armée de Louis XIV, pourtant victorieuse. En janvier 1674, deux vicquois lèvent chacun une compagnie dans la ville. Ils enrôlent de gré ou de force tous les jeunes capables de porter les armes. Mais le maréchal d’Albret, gouverneur de Guyenne, est alerté et ordonne de poursuivre ceux qui ont décidé ces enrôlements forcés.


L’esprit patriotique qui règne en ville n’est plus à démontrer mais il atteint son paroxysme dans la période 1687-1697, au moment où Louis XIV fait la guerre à la Ligue d’Augsbourg regroupant l’Empereur germanique, les princes allemands, l’Espagne, la Suède et Guillaume d’Orange, futur roi d’Angleterre. Après la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, les protestants ont proclamé une coalition générale de leurs fidèles contre le roi de France. À l’instar de Louis “Le Grand” qui affirme sur son lit de mort (1) avoir trop aimé la guerre pendant quarante-sept années - 1667-1714 - les familles de la bourgeoisie vicquoise ont vu dans le métier des armes, la possibilité d’accéder à la notoriété sociale et, rêve secret, de décrocher un jour le cordon rouge de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis pour faire coucher leurs fils dans le lit de la noblesse. Cette croix, tant convoitée, fut créée par Louis XIV, en avril 1693.

Vous trouverez la liste des 90 Officiers vicquois du XVIIe siècle dans les 14 (123 à 137) Chroniques de la Mémoire, à cette adresse :

 

http://www.claudelarronde.fr/Site-3/Memoire-123.html