Les possessions historiques

 

Les propriétaires des moulins de Clarac, Latourréte, Claquet, la Place et la Ville tiennent leur bien (fief) de leur suzerain, le comte de Bigorre, ou du roi de France et, à ce titre, lui doivent une redevance (cens). L’enquête de l’année 1300 sur les revenus, fiefs et arrière-fiefs du comté de Bigorre fait mention de deux moulins à Vic-en-Bigorre pour lesquels le Comte perçoit, chaque année, 15 livres Morlàas de revenus, tous frais déduits. Ces moulins sont ceux de Repassat (Clarac) et Latourréte. 

 

Le moulin de Clarac

 

Au XIIIe siècle, le prieuré de Saint-Lézer acquitte 20 sols Morlaas et 11 poules de redevance au Comte. Les 3 sols Morlaas de cens payés par Johan Dengas au comte de Bigorre, en 1313, nous interroge sur le moulin qui supporte cette redevance. Peut-il s’agir du moulin du Claquet, de la Place ? Nous ne le pensons pas. Johan Dengas est un endomenger, un seigneur ordinaire dans la terminologie de la vicomté de Béarn. Il paye 10 sols Morlaas au Comte pour son endomengeadure, c’est-à-dire le moulin de Clarac et les terres attenantes.

Le moulin de Latourréte

 

La possession stricte étant interdite par le pape Alexandre III, en 1159, le prieuré est représenté légalement par des procureurs, sorte de régisseurs-administrateurs des biens fonciers de l’ordre dans toutes les communes qui acquittent la dîme au profit des religieux.

 

Raymond de La Salle est un personnage important dans l’histoire vicquoise de cette époque. Il habite le périmètre du château et sa maison sert de lieu d’étape pour un éventuel passage du comte de Bigorre, c’est la salle comtale. Pour le moulin de Latourréte, il paye 10 sols Morlaas de cens. Cette redevance comtale annuelle s’acquitte à la fête de la Nativité (Noël).

 

Le moulin du Claquet

 

Un document, du 17 juin 1545, mentionne le moulin du Claquet comme un “moulin foral”, permettant le calibrage et la régulation de l’eau du canal des moulins, au centre ville. Ce moulin appartient à Antoine de Navailles, seigneur de la Salle et à sa mère, Marie d’Aster. Plusieurs documents confirment l’appartenance de ce moulin à cette famille. On peut donc penser que dès l’érection du moulin de Latourréte, en 1280, l’eau est “calibrée” à la dérivation du Claquet, avant même qu’un moulin à une meule y soit bâti.

 

Le moulin de la Place ou moulin du Roi

 

Le 14 mai 1350, Philippe de Valois adresse des lettres au sénéchal de Bigorre en faveur d’Arnaut de Ger pour la reconstruction d’un moulin. Il y est très clairement mentionné que cette construction se ferait sur “le canal du Moulin Royal”. Donc, le moulin de la Place ou moulin du Roi est fort ancien mais, jusqu’au XVIe siècle, nous ignorons ses locataires. Probablement des fermiers. 

 

En 1545, il moud à deux meules et le procureur du Roi, en déplacement à Vic-en-Bigorre, évoque le temps où le moulin du Roi n’avait qu’une meule : “moli del rey sabé que mole”. Une seule certitude, il appartient, depuis l’origine, au vicomte du Béarn et comte de Bigorre.

L’histoire des moulins de Vic-en-Bigorre, c’est le récit de l’ambition des hommes. Malgré les divergeances de vues, les familles, roturières ou nobles, ont toujours marqué leur attachement à la cité vicquoise. On observe qu’après avoir conclu de belles alliances ou réalisé de brillantes carrières, leurs enfants ont toujours voulu être ensevelis en terre vicquoise, une dernière demeure chère à leur cœur.

 

C’est aussi une saga. C’est la conquête d’un moyen économique important : un moulin, avec l’assurance d’une promotion sociale par l’acquisition de ce bien. Cette lutte est une constante motivation pour les familles nobles et bourgeoises, sur le canal des moulins, ou pour la communauté vicquoise et les particuliers, sur le canal de la ville. La maîtrise de l’eau demeure l’ardente obligation des possesseurs des moulins sur leur canal. Artère fémorale de la ville, le ruban d’argent du canal des moulins fut le sang de notre communauté. Il en est, aujourd’hui, son plus bel ornement.