Les Conseillers généraux du canton de Vic-en-Bigorre - 1

Louis Bouvet - 1735 - 1815


Louis Bouvet est né à Agen (Lot-et-Garonne), en 1735, de Pierre Bouvet et de Marie Anne Laborde. Il épouse Jeanne Roses et exerce la profession de négociant en tissus, en relations d'affaires avec Paris. Il occupe, à plusieurs reprises, la fonction de Consul de Vic-en-Bigorre, avant la Révolution. Louis Bouvet est décédé à Vic-en-Bigorre, le 24 août 1815, à l'âge de 80 ans (1).

Activité politique

Le 29 mai 1790, il recueille 140 suffrages auprès du district de Rivière-Basse pour l'élection des cinq administrateurs envoyés à l'Assemblée départementale. Il est administrateur du département des H.P, en 1790, 1791 et 1792 (2). Le 28 août 1792, il est tiré au sort pour être membre du Conseil du département. Le 13 septembre, il est élu avec 35 voix au collège des quinze Administrateurs du département. Pierre Bouvet, son fils aîné, sert dans la compagnie des Chasseurs à cheval, à Tarbes. Pour la Société Populaire de Vic-en-Bigorre, cette compagnie est mal fréquentée. Trop de nobles, de fils de seigneurs, de prébendés, de gens à calotte et beaucoup d'avocats. Pierre Bouvet est dénoncé au comité de surveillance de Tarbes pour être de ceux-là. Est-ce la raison pour laquelle Louis Bouvet disparaît des instances politiques départementales ? Cela ne l'empêchera pas d'être nommé maire de Vic-en-Bigorre, le 27 octobre 1794. Très curieusement, le nouveau maire déclare la profession de cultivateur. Il possède 50 journaux de terre ; ce qui le place dans le bas de l'échelle des gros possédants de la commune (3).

 

Le 22 avril 1794, le Directoire du département, sous la férule du nouveau Représentant en mission dans les H.P, Monestier de la Lozère, le nomme commissaire. Louis Bouvet est chargé de trouver du grain (méteil ou carron, maïs ou milloc, orge) pour apaiser la détresse des habitants au seuil de la disette. Il s'est toujours acquitté des diverses missions qui lui furent confiées.

 

Le 17 avril 1795, le gouvernement révolutionnaire a vécu et Auguste Izoard, le nouveau Représentant en mission dans les Basses-Pyrénées et les Hautes-Pyrénées, rétablit l'administration départementale. Le 27 mai, Louis Bouvet est nommé membre du Conseil. Le 22 août 1795, le Directoire succède à la Convention. Le 10 novembre 1795, les administrations des districts et des communes sont supprimées et remplacées par les municipalités de cantons. C'est Jean Suzanne Combessies qui est nommé Agent municipal de Vic-en-Bigorre et remplace Louis Bouvet. Sept mois plus tôt, il était poursuivi en justice comme terroriste. Le 17 février 1800, parait la loi sur la division du territoire français et son administration : un Préfet, un Conseil de préfecture et un Conseil général du département. Le 13 juillet, Combessies est nommé à la tête du conseil municipal vicquois qui s'intitule, à présent, Conseil général (de commune). Trois conseils d'arrondissement communaux sont créés. Le canton de Vic-en-Bigorre appartient au premier. Désormais, les Préfets nommeront les maires et adjoints des municipalités dont la population n'excède pas 5000 habitants. L'Empire opérera des fusions dans les 44000 communes qui seront réduites au nombre de 38000. Les communes de moins de 300 habitants disparaîtront et le découpage communal, cher aux notables beaucoup trop représentés au Conseil général du département, ne sera pas remis en cause.

 

Le 14 mai 1800, Louis Bouvet est nommé par le Préfet Bernard Lannes au Conseil général du département des H.P. Puis, en avril 1805, il est désigné par le sort. La belle aventure s'achèvera, en 1806.

Sources :

(1) État-civil - Acte de décès sur bobine 5 MI 119. Recherche Michel Sauvée.


(2) - « Les Représentants du peuple en mission dans les Hautes-Pyrénées » - chapitre « Municipaux de Vic » - Chanoine Louis Ricaud - 1911 - Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées.


(3) « Les Maires de Vic-Bigorre - De Louis XIV à l'an 2000 » - Claude Larronde -S.A.D.H.P - 1999 - p. 28.


Jacques Marie Fourcade - 1779-1862

Né au manoir de Labarthe, à Vic-en-Bigorre, le 4 juin 1779, fils de Jean-Baptiste Fourcade, avocat en Parlement, substitut du Procureur du roi à Sainte-Lucie, aux Antilles, en 1789, et de Jeanne Marie Labarthe, Jacques Marie Fourcade a exercé la profession d'avocat et accompli une carrière dans la magistrature. Juge auditeur à la Cour d'appel impériale de Pau (1808), substitut du Procureur général (1811), conseiller (1812), président de Chambre (1831), premier Président (1848-1849). Il est décédé à Vic-en-Bigorre, le 23 janvier 1862, et inhumé au cimetière de la Ville.

Activité politique

Élu député des H.P, le 23 juin 1830, il est réélu, le 10 avril 1831, puis échoue, le 5 juillet 1834. Il a été nommé Conseiller général des H.P par ordonnance royale du 1er février 1831, sur proposition du Préfet de Saint-Aignan. Constitutionnel, il adhère au système du Gouvernement en 1833. Puis, il se présente aux premières élections cantonales du 17 novembre 1833 ; il est élu par 35 voix sur 51 votants et 73 inscrits. Mais l'instance est litigieuse. L'élection est annulée, le 11 février 1834. Il se pourvoit en Cassation. Il siège à la session de juillet 1834 jusqu'à celle de septembre 1842. Il est remplacé par Bernard Lacaze, élu le 11 décembre 1842.

Autres éléments

Le 19 octobre 1805, Pierre de Pujo, fils de Charles Pujo-Nouilhan et d'Anne-Marie Thérèse de Harader-Lassalle, vend son moulin du « Claquet », à Vic-en-Bigorre, à Jacques Marie Fourcade pour 27500 francs (1).


Au mois de décembre 1891, la ville de Vic-en-Bigorre acquiert le moulin du « Claquet ». Cet achat permet l'installation d'une usine électrique pour un éclairage public du centre-ville. La force hydraulique disponible au moulin fera tourner une turbine, grosse pompe centrifuge développant 50 chevaux-vapeur (2).

Sources :

(1) Copie de l'acte de vente du 27 Vendémiaire, an XIV ou 19 octobre 1805 - A.D.H.P - S.24.


(2) « Les moulins de Vic-Bigorre » - Claude Larronde - S.V.E.I.M - 1995.


A.D.H.P - 3 M 96, 97. Annuaires. 1 N délibérations. AN, F/1b/II H.P 7-8. F/1c/III H.P 4.
 

Bernard Joseph Jacques Lacaze - 1798 - 1874

Né à Vic-en-Bigorre, le 9 novembre 1798, fils de Jacques Lacaze et de Jeanne Soutra, négociants à Vic-en-Bigorre, Bernard Joseph Jacques Lacaze fait des études au Collège de Pau puis des études de droit à la Faculté de Toulouse où il obtient la Licence. M. Caze, son oncle, dirige une maison de commerce à New-York. Pendant la période de l'Empire, les États-Unis jouissent d'une prospérité commerciale sans égale. Caze mande près de lui son neveu, parti de Bordeaux, en mars 1815. Il apprend rapidement la langue et s'acclimate au commerce international. Mais le bel espoir d'avenir prend fin à la fin de 1816 ; les Anglais ont retrouvé leur suprématie maritime. Son oncle lui conseille la poursuite des études du droit à la Nouvelle-Orléans où l'on plaide dans les deux langues et où il débarque le 27 décembre 1817. Après la chute de l'Empire, il rencontre aux États-Unis les deux frères, généraux bannis, Dominique et François Antoine Lallemand. Ils décident de fonder un établissement dans l'état du Texas, vague colonie du Mexique, au bord de la rivière Trinité. 

 

Lacaze quitte la Nouvelle-Orléans, le 24 juin 1818. Un camp est établi, la forêt défrichée, des habitations élevées et une constitution promulguée. Alors, le Mexique prend ombrage de cette implantation, refuse de reconnaître ce groupement d'étrangers et menace d'envoyer ses garnisons. Les Bourbons s'émeuvent, une souscription est ouverte, mais les chefs de l'expédition, craignant un affrontement sanglant, abandonnent leurs colons qui erreront en Amérique ou regagneront l'Europe comme Bernard Lacaze. En 1822, il s'établit à Pau où son talent oratoire fait merveille. Il a 40 ans, lorsqu'il épouse sa cousine germaine Louise Cames de Vic-en-Bigorre. Ils auront trois filles. Il sera fait Commandeur de la Légion d'Honneur, le 12 août 1863. Décédé à Pau, le 12 ou 23 février 1874, il est inhumé au cimetière de Vic-en-Bigorre où un monument funéraire est élevé à sa mémoire.

Activité politique

Bernard Lacaze avoue, volontiers, avoir ramené des États-Unis des opinions républicaines. Sous la monarchie de Juillet, il passe pour un libéral avancé. Il est élu député à l'Assemblée Constituante, le 23 avril 1848, réélu, le 13 mai 1849, à l'Assemblée Législative, jusqu'en 1866. Il est nommé Conseiller d'État, le 26 janvier 1852, puis Sénateur, du 5 mars 1866 au 4 septembre 1870. Au Conseil général des H.P, il est élu pour représenter le canton de Vic-en-Bigorre, le 11 décembre 1842, avec 34 voix devant Jacques Marie Fourcade, 28 voix. Lors du renouvellement général du 20 août 1848, il est remplacé par Marc Marie Giffard. Ensuite, il est élu pour représenter le canton de Rabastens de Bigorre, le 24 novembre 1861, suite au décès de C. Gros. Il démissionne, fin 1863, pour se présenter dans le canton de Vic-en-Bigorre. Puis, nouvelle élection pour le canton de Vic-en-Bigorre, le 20 décembre 1863, suite au décès de Jean Marie Laffeuillade et réélection, le 4 août 1867. Lors du renouvellement général d'octobre 1871, il sera remplacé par Paul Bordères. Il présidera les sessions du Conseil général après la mort d'Achille Fould, le 24 août 1868 et le 11 janvier 1869. Le 23 août 1869, il est absent et remplacé par Adolphe Fould.

Sources

« Un Témoin du Coup d'État (1848-1852) Bernard Lacaze » - Fernand de Cardaillac - Honoré Champion Éditeur - 1 913.


A.D.H.P - 1 M 101, 3 M 104, 101. Annuaires. 1 N 52. AN, F/1b/I 230/17.

Marc Marie Giffard - 1792 - 1859

Marc Marie Giffard est né le 2 juillet 1792, à Vic-en-Bigorre. Il est fils de Jean Giffard et de Marie Agut (1). Son père, maître en chirurgie, a appris son métier chez Duco, à Tarbes, puis à Paris où il fait de véritables études à l'école royale de chirurgie. Natif de Séméac, il a des attaches vicquoises : il est le neveu des demoiselles Pujo-Comte. En 1786, il est embauché comme chirurgien par la Commission administrative de l'Hôpital de Vic-en-Bigorre et donne des cours d'accouchement et d'ostéologie à Tarbes. L'homme n'est pas apprécié par la direction de l'Hôpital : absences, négligences envers les pauvres de la ville, il ne remplit pas ses obligations envers l'Hôpital. Cette situation de conflit dure jusqu'au mois d'août 1813 où l'hôpital reçoit, d'un coup, 40 militaires blessés, rapatriés de la campagne d'Espagne. Jean Giffard qui a été remercié est rappelé avec son fils Marc, étudiant en médecine, qui vient lui porter assistance. Mais, Jean Giffard récidive dans ses errements et la population lui préfère, bientôt, Rovira, chirurgien espagnol résidant à Vic-en-Bigorre (2). Jean Giffard est décédé à Vic-en-Bigorre, le 4 mars 1821.

 

Marc Marie Giffard, devenu médecin, aura des rapports beaucoup moins orageux que son père avec l'hospice vicquois. Dès janvier 1827, il est membre de la Commission administrative. Il a 33 ans et réside dans la rue du Château. Le 7 novembre 1824, il a épousé Marguerite Saint-Gès, née à Vic-en-Bigorre, le 4 décembre 1807, fille de Jean et Jeanne Sahuc . Marc Marie Giffard est décédé à Vic-en-Bigorre, le 19 décembre 1859.

Activité politique

Suite au décret du 3 juillet 1848, il est élu au Conseil général des H.P, canton de Vic-en-Bigorre, par le suffrage universel, lors du renouvellement du 20 août 1848. Il remplace Bernard Lacaze. Soumis au renouvellement général prévu par le décret du 7 juillet 1852, il est battu par Jean Marie Laffeuillade, le 1er août ou le 8 août 1852.

Sources

(1) État-civil - Sur bobine 5 MI 120. Recherche Michel Sauvée.


(2) « Mendiants et Bourgeois à Vic-en-Bigorre - 1568-1861» - Joseph Verley - Édition S.A.D.H.P - 1987.


A.D.H.P - 3 M 100, 1 N 55, 56.

 

Jean Marie Honoré Lafeuillade - 1789-1863

Né à Vic-en-Bigorre, le 22 octobre 1789, Jean Marie Honoré Lafeuillade est le fils de Maître Etienne Lafeuillade, avocat en Parlement et, plus tard, Procureur impérial, et de dame Pauline Dubos. Ses parrain et marraine sont Jean-Pierre Lafeuillade, bourgeois de Plaisance (32160) et Marie Dubos dite de Bertrand (1). Son oncle, Jean François Saint-Pierre Lafeuillade, médecin vicquois, né à Plaisance, a une trajectoire étonnante. Il est élu Procureur syndic du district de Rivière-Basse, en 1790. Monestier du Puy de Dôme le déclare suspect et il est reclus par la Société populaire de Vic-en-Bigorre dans la maison Lassalle, celle du futur guillotiné, le lieutenant de vaisseau Joseph Augustin de la Salle de Harader. Prudemment, il abandonne l'aristocratique « Saint Pierre » et attend que l'orage passe. Le 27 octobre 1793, il est nommé Agent national par Monestier de la Lozère. Le 24 mai 1795, il est nommé Commissaire provisoire dans l'Administration centrale du Département, puis Administrateur provisoire, le 7 décembre 1797, puis Administrateur, le 11 mai 1798 ; il est réélu en 1799. Le 4 avril 1800, l'Administration centrale est dissoute. Le Préfet des Hautes-Pyrénées est installé et le médecin revient à Vic-en-Bigorre. Il sera maire de la commune, le 11 septembre 1830 (2).

 

Jean Marie Honoré Lafeuillade suivra les traces de son père et de son oncle. Il sera Président du Tribunal de Tarbes, puis du Tribunal civil de Toulouse. On lui attribue une fortune de 6000 F, en 1858. Il est décédé à Vic-en-Bigorre, le 4 novembre 1863.

 

Activité politique

Jean Marie Honoré Lafeuillade est élu au Conseil général des H.P, canton de Vic-en-Bigorre, le 1er août 1852, lors du renouvellement général prévu par le décret du 7 juillet 1852. Il remplace Marc Marie Giffard. Réélu le 13 juin 1858, il est remplacé, suite à son décès, par Bernard Lacaze, élu le 20 décembre 1863.

 

Sources

(1) État-civil - Acte de naissance sur bobine 5 MI 116 - Recherche Michel Sauvée.


(2) « Les Maires de Vic-Bigorre - De Louis XIV à l'an 2000 » - Claude Larronde -S.A.D.H.P - 1999 - p. 40.


A.D.H.P - 3 M 104, 1 N 58, 61, 64, 103-105.

 

Paul Bordères - 1827 - 1878

Fils de Jean Bordères, propriétaire et de Marie Cestia, tous deux de Vic-en-Bigorre, Paul Bordères est né à Bordeaux, le 7 mai 1827. Il exercera la profession d'avocat à Tarbes, puis à Toulouse. Le 18 février 1862, à Andrest, il épouse Marie Séverine Léonie Dinguirard Carrère, née le 5 avril 1841, à Lafitole. A la cérémonie, elle est assistée de Sébastien, son père et de Marceline Puyo, sa mère, propriétaires domiciliés à Lafitole. Ils avaient établi un contrat de mariage chez Daléas, le 22 janvier 1862. Marcel Auguste Bordères, 56 ans, rentier et cousain germain de l'époux, est témoin. Le 14 octobre 1863, ils perdent leur fils Adolphe Bordères, âgé de neuf mois. Ils résident à Andrest jusqu'en 1872 (1). Paul Bordères a un frère cadet, Oscar Bordères, élu au conseil d'arrondissement de Tarbes et membre de l'équipe municipale vicquoise de Joseph Fitte. Paul Bordères est décédé à Tarbes, le 4 novembre 1878.

 

Activité politique

 

Le 28 octobre 1870, il est nommé membre de la Commission départementale par le préfet Eugène Ténot, après dissolution du Conseil général des H.P. Le 8 octobre 1871, il est élu Conseiller général des H.P, canton de Vic-en-Bigorre, lors du renouvellement général d'octobre 1871, par 1238 suffrages contre 636 suffrages à Bernard Lacaze, candidat sortant. Il est réélu, le 4 novembre 1877, avec 1225 suffrages contre 820 suffrages à Xavier de Cardaillac. Après son décés, en 1878, il est remplacé par Joseph Fitte, le 26 janvier 1879. Paul Bordères est considéré par Joseph Fitte comme le premier candidat « Républicain » élu du canton de Vic-en-Bigorre : « Il faut dire, tout de suite, que le parti de la résistance à la réaction s'était formé et mis en mouvement sous la conduite d'Oscar Bordères, un ami excellent, dont le frère Paul, républicain ferme aussi, était déjà conseiller général du canton, grâce à l'esprit démocratique des communes rurales ». Et, pour l'élection du 26 janvier 1879, Joseph Fitte ajoute : « Paul Bordères, dont la mémoire nous est si chère, avait succombé, brisé par une maladie impitoyable. En mourant, il laissait vacant le siège de conseiller général qu'il avait conquis quelques années auparavant, grâce à l'influence prépondérante de son nom sur la population du canton, grâce aux services que, lui et sa famille, avaient rendus, grâce, surtout, à sa vigueur républicaine » (2).

 

Sources : 

 

(1) État-civil - Sur bobine 6 MI 6. Recherche Michel Sauvée.


(2) « Ma vie politique et administrative - 1878-1907 » p. 51-52 - Joseph Fitte -Imprimerie Bouquet - 1907.


A.D.H.P - 3 M 116, 120, 163.

 

Joseph Fitte - 1845 - 1915

Né le 30 mars 1845 à Vic-en-Bigorre, Joseph Fitte est médecin vétérinaire de profession, formation acquise à Maison-Alfort. Il a fait son service militaire au régiment monté de Rambouillet et c'est là qu'il a connu Anne Goley, sa future épouse, fille d'un pharmacien de Rambouillet (78120). Ils auront deux filles. Il combat dans l'armée de Paris, en 1870. La Médaille des combattants de 1870 (Vétéran militaire) lui sera attribuée. Son combat politique est très riche en événements de toutes sortes, décisions et élections pour la mairie et le canton de Vic-en-Bigorre. Il est le directeur politique de l'hebdomadaire « La République des Travailleurs » - Journal de la Démocratie de la 2e circonscription de Tarbes - dont le siège de la rédaction se tient dans la rue des Francs-Maçons (rue Saint-Vincent-de-Paul). Son rédacteur en chef est Sylvain Gibrac, Principal honoraire du Collège de Vic-en-Bigorre. On peut qualifier le député-maire de républicain laïque, énergique et combatif. Associé à M. Labat, maire de Pujo, ils fondent la banque agricole et commerciale de Vic-en-Bigorre, en 1893, à la rue Thiers. Cette banque pratique l'escompte et les recouvrements mais le crédit de la banque Fitte-Labat est jugé limité. La mort emporte le député vicquois, le 11 janvier 1915, à l'hôpital de Bordeaux. Il a 70 ans. Ses amis le pleurent et lui préparent des funérailles solennelles. Un crédit de 350 F est ouvert par la Ville. Tout ce que le département compte de personnalités politiques est là. La ville honore ce combattant infatigable en donnant le nom d'Avenue Joseph Fitte à la partie méridionale de la rue de Tarbes comprise entre la Halle aux grains et la place de Verdun. Sculptée par le tarbais Firmin Michelet, « Marianne » pleure sur les malheurs de la République et de son fidèle serviteur au service des vicquois, pendant trente-sept ans.


Joseph Fitte a reçu la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur des mains de Jean Dupuy, ministre de l'Agriculture. Pour l'occasion, un banquet est offert à 960 convives. Une souscription publique est ouverte à Vic-en-Bigorre pour lui offrir une croix ornée de diamants. Il est également Officier d'académie.

Activité politique

Aux élections législatives de 1898, il triomphe d'Achille Fould de 13 voix. Mais le ballottage est déclaré par le Préfet des H.P, relayé par Louis Barthou, ministre de l'Intérieur, et il est battu au deuxième tour. Élu député de la 2e circonscription des Hautes-Pyrénées, au 1er tour, le 27 avril 1902, il est réélu le 6 mai 1906 et, pour célébrer l'événement, montre son esprit de tolérance et son élégance en invitant au banquet du moulin du Bois, Louis Barthou, ministre des Travaux Publics, originaire d'Oloron-Sainte-Marie. Ce dernier était intervenu pour invalider sa victoire sur Achille Fould. Le 24 avril 1910 et le 26 avril 1914, il est encore réélu. Il est député de la deuxième circonscription des Hautes-Pyrénées de 1902 à 1915. Il siège dans diverses commissions (1910), de l'Agriculture et de l'Hygiène publique (1906). Il intervient, en 1908, après les terribles inondations qui ravagent sept cantons de Bigorre. Sa proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, en 1909, pour la création d'une Mutuelle nationale contre les accidents atmosphériques, les incendies et la mortalité des animaux domestiques. Il est membre du Conseil supérieur des Haras.

 

Suite au décès de Paul Bordères, il est élu au Conseil général, le 26 janvier 1879, avec 1255 suffrages, devant Bouvet, 714 suffrages, réélu le 12 août 1883, le 28 juillet 1889, 29 juillet 1895, 21 juillet 1901, 28 juillet 1907 et le 3 août 1913. Après son décès, le 11 janvier 1915, il est remplacé par Jacques Manuel Fourcade lors des élections générales, le 14 décembre 1919.

Activité politique municipale

Joseph Fitte est nommé au poste de maire de Vic-en-Bigorre par Jules Grévy, le 19 février 1881. Il était premier adjoint dans le Conseil municipal précédent de Théos Salles. Il fait l'acquisition du moulin du Claquet appartenant à M. Jacques Marie Fourcade, le transforme en une petite usine électrique permettant un éclairage du centre de la ville, service public d'avant-garde dans le département en matière d'éclairage urbain. Énumérer tous les travaux réalisés pendant ses mandats successifs serait fastidieux tant ils sont nombreux : création d'une usine électrique modèle, abattoir, bains douches populaires, hôpital hospice restauré, établissements scolaires agrandis et aménagés, pour les plus importants. Il fait restaurer l'Hôtel de Ville un peu avant d'être atteint par la longue maladie qui l'emportera. La nouvelle loi du 28 mars 1882 a introduit l'élection au suffrage universel des maires et adjoints dans les chefs-lieux de département, d'arrondissement et de canton. Avec une équipe dynamique à son service, Joseph Fitte emporte tous les bastions, du 14 mai 1882 jusqu'en 1893. Le 8 février de cette année-là, le Préfet accepte la décision du maire vicquois de démissionner pour permettre une enquête administrative permettant d'éclairer sa gestion municipale. La comptabilité publique du Maire est qualifiée « d'occulte » par l'Inspecteur général de la Cour des Comptes.

Après enquête et connaissant les conclusions favorables de la Cour des Comptes sur sa probité, Joseph Fitte écrit au Préfet et au ministre de l'Intérieur, le 2 juillet 1894, et retrouve son poste de maire, le 29 septembre 1894. Il a invité Jules Ferry, le 19 avril 1891, pour un banquet mémorable qui fit date dans les annales culinaires vicquoises.


Sources

 

Nomination des Maires et adjoints et série M - 1800-1940 - Plébiscites - Elections - 3M283, 3M290, 3M293, 3M301, 3M309, 3M317, 3M326, 3M335, 3M341 et 3M358 - Liasse gestion occulte Fitte-Gibrac - plusieurs dossiers sur les rapports des inspecteurs des finances et des arrêts de la cour des comptes- série O - A.D.H.P.


Archives de l'Assemblée nationale - Dictionnaire des députés.
« Quelques chapitres de ma vie politique et administrative » - Joseph Fitte - Paris, imprimerie Bouquet - 1907.


« Les Maires de Vic-Bigorre - De Louis XIV à l'an 2000 » - Claude Larronde - S.A.D.H.P - 1999 - p. 51.


A.D.H.P -3 M 121, 122, 124, 128, 132, 136, 140, 144, 163, 1 N 160, 161.

 

Jacques Manuel Fourcade - 1862-1943

Jacques Manuel Fourcade est né à Prades (66500), le 5 août 1862. Fils de Jean-Baptiste François Marie dit Jules Fourcade, 1er Président Honoraire à la Cour d'appel de Lyon (1825-1899) et de Joaquina Téresa Maria de la Merced Vendrell y Bonet, il épouse Jeanne Marie Henriette du Buit et auront 5 enfants. Il a été avocat au Barreau de Paris, bâtonnier, en 1922 et 1923 et Bâtonnier de l'Ordre des avocats à la Cour d'appel de Paris, en 1928. Il fut, également, avocat-conseil de la ville de Paris et des chemins de fer Paris-Lyon-Marseille et de l'Est. Il est décédé à Vic-en-Bigorre, route de Montaner, le 26 décembre 1943. C'est à Joaquina Téresa Fourcade que l'on doit l'érection d'une chapelle sur le domaine de Labarthe dans laquelle seront inhumés son mari Jules Fourcade, elle-même, en 1906, ainsi que d'autres membres de la famille Fourcade (1).

Activité politique

Il est classé politiquement comme progressiste. Jacques Manuel Fourcade est élu sénateur des H.P, le 25 septembre 1927 (2e tour), réélu, le 20 octobre 1935, jusqu'en 1942. Il sera Vice-président du Sénat et Président au Conseil National.

Élu au Conseil général des H.P, canton de Vic-en-Bigorre, lors du renouvellement général du 14 décembre 1919, il remplace Joseph Fitte décédé le 11 janvier 1915. Il est réélu, le 19 juillet 1925, devant Charles Cardebat, valeureux combattant de 1914-1918. Il est battu par Jean-Marie Léon Duprat, le 25 octobre 1931. Il vote la révision constitutionnelle du 10 juillet 1940.


Activité politique municipale

Il est élu maire de Vic-en-Bigorre à l'élection municipale du 5 mai 1925 et obtient 503 suffrages devant François Pucheu, pharmacien, 473 suffrages et Louis Caujolle, brillant lieutenant de 1914-1918, professeur au lycée Théophile Gautier de Tarbes. La lutte de sa liste d'Union Républicaine et des Intérêts Vicquois contre la coalition de la liste du bloc des Gauches, emmenée par le maire sortant Jean Barros et celle de l'Union des Gauches, présidée par Charles Cardebat, a été sévère. Les « Vieux républicains » se réclament de Joseph Fitte, de sa personne et de son action « Vous suivrez la tradition républicaine de Fitte. Vous voterez pour la seule liste qui s'inspire de cette tradition, l'unique liste républicaine ». Ils sont battus. Une recomposition politique a eu lieu. Liste électorale à dominante d'artisans et de gens de la terre, Jacques Manuel Fourcade a eu l'intelligence de comprendre, très tôt, que l'avenir est aux listes d'intérêts communaux et non plus aux listes d'inspiration politique dont l'action est décidée à l'extérieur de la commune. L'heure est au regroupement des forces communales pour reconstruire le pays et bâtir de nouveaux projets. L'élection du 5 mai 1929 confirme largement cette aspiration populaire. La liste d'Union des Républicains de gauche emmenée par Jean-Marie Léon Duprat, conseiller d'arrondissement, Charles Cardebat et Guillaume Bonnecarrère, est battue et la liste de Jacques Manuel Fourcade l'emporte nettement. Lui-même n'obtient que le quatrième rang avec 431 suffrages. Le 5 mai 1935, il obtient 459 suffrages. La ruralité est le domaine de prédilection du maire vicquois. L'effort de son équipe porte, plus particulièrement, sur l'irrigation du territoire vicquois et la réglementation afférente. L'environnement paysager n'est pas oublié. En février 1939, les ormeaux de la Herray n'ont pas supporté la rigueur de l'hiver. Ils sont abattus. L'hiver suivant, la gelée achève les vieux palmiers de la place Gambetta. Les quatre mandats successifs de Jacques Manuel Fourcade ont été marqués par des phénomènes climatiques. Le 13 juillet 1927, un cyclone de grêle s'abat sur la ville, le 21 avril 1928, nouvelle tempête de grêle, le 1er septembre 1934, un ouragan s'abat sur Vic-en-Bigorre, le 1er septembre 1935, c'est un nouveau cyclone qui arrache les branches des platanes du Sendreix. On ne déplore aucun accident de personnes mais quelle désolation ! Ces années-là sont aussi celles du premier goudronnage des rues. Le 26 décembre 1943, la maladie a raison de lui, un an après la disparition de son prédécesseur Jean Barros.

Sources

(1) Entretiens sur la famille Fourcade avec Mme Rossi (3 août 2006) et Mme Cazelles (9 août 2006).


Nomination des Maires et adjoints et série M - 1800-1940 - Plébiscites - Élections - 3M385, 3M398, 3M410 et 3M411 - A.D.H.P.


« Les Maires de Vic-Bigorre - De Louis XIV à l'an 2000 » - Claude Larronde - S.A.D.H.P - 1999 - p. 59.


A.D.H.P - 3 M 147, 152, 1 N délibérations.

 

Notices biographiques rédigées par Claude Larronde