De réparations en réparations
 

L’administration vicquoise restera trois ans dans l’impasse. Quelques travaux ponctuels commencèrent, en mars 1873 et, le 9 avril, M. Ferraud, Préfet des Hautes-Pyrénées, autorisera la réfection de la halle, à condition que la somme de 1200 F ne soit pas dépassée en travaux à exécuter par voie de régie administrative, le complément étant autorisé ultérieurement, sur présentation des devis. M. Mandou, architecte de Vic-en-Bigorre, avait déjà remis son devis, le 10 février 1873.

 

L’entrepreneur contacté sera M. Compan de la société Compan aîné et Compagnie, spécialiste de ferronnerie, demeurant à Bordeaux. Son contremaître, M. Rey, dirigera le chantier. Le devis de l’entrepreneur est accepté et, dès le 27 juin 1873, les travaux de redressement des fers des arbalétriers, chevrons, entretoises, arcs de décharge, rivets à remplacer, construction de 22 colonnes supplémentaires, en fonte, limitant la portée des arbalétriers de 12 m à 6,35 m - cause de l’accident, en 1867, et expliquant la rangée intermédiaire de 22 colonnes - sur socles de pierre (Nicolas Romain de Saint-Pé-de-Bigorre), furent rondement menés par l’équipe bordelaise mais ici, à nouveau, que de litiges et de contestation. L’architecte fit erreur sur le poids des colonnes si bien que la première colonne placée pesait 324 k de fonte. On s’aperçut que le poids était disproportionné avec le simple rôle de soutien exigé. On reprit les 21 colonnes restantes, en fonderie, pour les réduire à 267,80 k.

 

Les vicquois traumatisés par la première construction ne payaient qu’avec retard des travaux pourtant consciencieusement exécutés et réceptionnés minutieusement par eux-mêmes. L’entrepreneur, excédé, prononça une requête devant le conseil de préfecture, le 27 mai 1874, contre la municipalité. Le litige portait sur 4490 k de matériaux - fer et fonte - indûment défalqués par l’architecte. Le préjudice financier s’élevait à 2852 F sur un montant définitif des travaux de 22187 F. L’entrepreneur s’irrita d’une réception toujours provisoire, jamais définitive et cette réparation importante s’acheva dans un climat assez détestable.

 

15 août 1874 : Travaux supplémentaires sur couverture en zinc du pavillon et de la lanterne.

12 février 1875 : Travaux pour mise en place de pièces supplémentaires.

15 mai 1881 : Rappel à l’ordre. Les établis des marchands doivent se tenir sous la halle ou sur la place de la République, non entre les deux.

19 août 1882 : La municipalité de MM. Fitte et Lacassin, premier adjoint, présente un projet de dallage et de pavage intérieur du marché et d’un trottoir extérieur. Ce projet est approuvé par le Préfet, le 28 avril 1883.

 

Ce plan de dallage et de pavage nous rappelle quelques données de l’époque, aujourd’hui bien oubliées. Le marché couvert de Vic abrite le samedi, de chaque semaine, les marchands de draps et de grains. Constamment piétiné, le sol - 2148 m2 - est fait de remblais. La poussière soulevée est un important désagrément pour les marchands de draps. Un sac de blé crevé répand ses grains dans l’épaisse poussière. Ce double inconvénient disparaîtrait sur un sol ferme.

 

La décision d’un dallage, en ciment, pour les denrées et marchands et d’un pavage, pour la circulation, découle de ce constat. On peut observer sur le dessin, le glissement, à l’ouest, du marché aux grains. On décida de paver le dessous de la lanterne ainsi que le double passage de circulation des chars et voitures dans le sens nord-sud et est. Le pavage présentait, à l’époque, le double avantage d’un matériau économique - pierres de l’Adour - permettant aux petits propriétaires de la ville dont les dépendances étaient trop restreintes de remiser, provisoirement, quelques chars de foin.

 

L’aire cimentée au nord et à l’est - ciment Picot à prise lente n°1 - fixait les drapiers, les marchands forains étant disséminés un peu partout au sud-est. Le trottoir promenade, souhaité par Jean-Jacques Latour, ceinturera la halle au nord, à l’est et au sud.

 

L’ouest n’en était pas pourvu, la rue étant jugée trop étroite. Le devis s’élèvera à 16308 F. C’est le 1er mai 1886, que MM. Caddau, architecte, et Fitte, maire de Vic, réceptionnent définitivement les travaux d’établissement d’un dallage, en ciment, réalisés par l’entreprise Rozand, de Tarbes. En fait, les travaux étaient terminés, depuis avril 1885.

 

3 octobre 1902 : Travaux de zinguerie sur les tuyaux de descente, en fonte et les dalles de zinc par le sieur Bosc, ferblantier, rue du Château, à Vic-Bigorre.

 

24 mars 1920 : La municipalité de M. Barros procède à des réparations à la toiture de la halle par des employés communaux, préalablement assurés à la “Compagnie d’Assurances Générales” contre les accidents. La prime annuelle s’élève à 600 F, aux frais de la ville.

 

4 février 1933 : Municipalité de M. Fourcade Manuel, sénateur. Consolidation de la charpente par M. Georges Ferrero, architecte des monuments historiques. Devis : 37084 F. Terme des travaux : 6e Foire Exposition, du 6 avril 1933. Il s’agit de couvrir la toiture en fibrociment. La structure ne supportant pas cet excédent de poids, on refait la toiture, la lanterne, etc.. Coût réel = 40051 F. Entrepreneurs : Pailhès, Mesplé, Moccafico.

 

Vers 1936 : Le blé, aliment de base, objet de toutes les convoitises et des efforts de l’homme, sous la lumière d’un ciel vitré, au centre du marché, symbole de sa primauté, quitte sa place, puis la halle, un peu avant la deuxième guerre mondiale. Une époque s’achève.

 

Les yeux rivés sur le pavillon éclairé, fixant les arbalétriers, là-haut, un passant curieux et observateur me dit d’un ton imprégné de compétence : “Une couverture plus légère, comme autrefois, la structure métallique repeinte, un chef-d’œuvre, monsieur, croyez-moi !”. “Je vous crois”, lui répondis-je.

 

En 1988, le souhait du passant fut exaucé, au prix d’une remarquable restauration décidée par la municipalité de Claude Miqueu.