VIC-EN-BIGORRE-REALISATIONS DU XXe SIECLE
En janvier 1878, le parti républicain, emmené par Joseph Fitte, fait la conquête de l’Hôtel de
Ville après une lutte mémorable. Ses deux adjoints sont Emile Lacassin et Eugène Serres. Durant ses huit mandats municipaux complets, cet homme énergique et combatif transforme l’abattoir existant en
une réalisation moderne, fait construire des bains douches populaires, placer une bascule sur la place du Foirail, agrandir et embellir le collège des garçons, l’école primaire communale des filles,
l’école supérieure des Garçons et celle des Jeunes Filles. Il concentre ses efforts sur l’enseignement populaire. Il laïcise les écoles communales et construit un groupe scolaire avec un confort
inconnu des “enfants de pauvres”. Il leur permet ainsi d’accéder au Collège et à l’École supérieure par la voie du Certificat d’Études. Il fonde une caisse des Écoles alimentée par les
subventions de l’État, de la ville, des cotisations et des dons. Elle permet la fourniture gratuite des cahiers et des livres sans oublier les chaussures… en hiver. Il va aussi créer des cantines
scolaires où l’on sert, à midi, une soupe chaude à volonté ! Son action continue en faveur de tous les enseignements scolaires du chef-lieu est considérable.
En 1893, il crée une chaire d’Agriculture où l’on enseigne les méthodes les plus rationnelles
de culture. L’hôpital-hospice est agrandi par la création d’une maternité et d’une salle d’opérations. Il fait l’acquisition du moulin du Claquet appartenant à M. Jules Fourcade, le transforme en une
petite usine électrique permettant un éclairage du centre de la ville, service public d’avant-garde dans le département. Il s’attache à engager des travaux de voirie : trottoirs, rigoles d’écoulement
des eaux pluviales, dallage et pavage, élargissement des rues, ouverture d’une voie nouvelle - rue Eugène Ténot - agrandissement du cimetière. Il fait cimenter le sol de la halle aux grains, de style
Baltard, construite en 1862.
Sa volonté politique d’embellissement et de transformation de la ville ne se dément pas. Le magnifique bois du Baradat dont les
chênes étaient choisis par la marine royale, aux XVIIe et XVIIIe siècle, n’existe plus au XIXe siècle. Le lieu est inculte, il le transforme en prairies. C’est son équipe qui établit un dépôt de
tabacs et fait replanter d’aulnes le lieudit “Pradette”, au Marmajou. Les promenades sont jalonnées de bancs publics et les trottoirs de la place agrandis. Les rues de la périphérie sont
mises en état, des aqueducs creusés, un lavoir construit.
Les chemins vicinaux reliant les communes d’Artagnan, Camalès, Lafitole, Saint-Lézer et les quartiers de la Herray, la Hountagnère,
le Guinlet, sont reconstruits améliorant ainsi les transactions agricoles. Le vieux pont Debat - rue de la Marne - en bois, est remplacé par une structure métallique, en
1888.
Il met en place une assistance médicale pour les personnes âgées et les infirmes. A son passif, tout de même, ce piteux clocher
actuel posé sur l’emplacement du mur clocher de style gothique toulousain si caractéristique du centre ville vicquois des siècles passés.
La nouvelle loi du 28 mars 1882 introduit l’élection des maires et adjoints dans les chefs-lieux de département, d’arrondissement et
de canton. Avec une équipe dynamique, Joseph Fitte emporte tous les bastions, jusqu’en 1893. Le 8 février de cette année-là, le Préfet accepte la décision du maire vicquois de démissionner pour
permettre une enquête administrative permettant d’éclairer sa gestion municipale. Emile Lacassin, premier adjoint, prend les commandes de la ville pendant cette période. Le 29 septembre 1894, il
reprend sa charge. Il entreprend de restaurer l’Hôtel de Ville un peu avant d’être atteint par la maladie. La mort surprend le député vicquois, le 11 janvier 1915, à l’hôpital de Bordeaux. Ses
funérailles sont grandioses et son nom est donné à une avenue de la ville.
Le maire Jean Barros met en place son premier conseil municipal, le 10 décembre 1919. Les cinq années précédentes ont été marquées
par le souci d’aider les nécessiteux et de rendre hommage aux valeureux combattants nationaux et étrangers. Le 3 juillet 1919, le Conseil adresse au général Pershing et à ses vaillants soldats et
officiers qui s’apprêtent à quitter notre territoire un salut amical et l’expression de sa plus vive reconnaissance “pour l’aide efficace qu’ils ont apporté à l’humanité, à repousser
l’envahisseur et assurer la victoire du droit contre la barbarie”. Le 12 mars 1920, le Conseil demande au sous-secrétaire d’État au ravitaillement l’envoi de farines américaines aux boulangers
vicquois : “le pain fabriqué étant de mauvais goût, parfois immangeable”. Mme Alice Desca, femme du statuaire Edmond Desca, offre deux pièces en marbre exécutées par son mari décédé en 1918.
“La lutte pour la vie” et “Le carrier pyrénéen” sont toujours là, à l’Hôtel de ville.
Le 17 septembre 1920, le Conseil délibère sur l’emplacement du futur Monument aux Morts vicquois. Une majorité se dégage pour
l’érection d’un soldat en bronze, sur la place de la République préférée à la place Gambetta. L’inauguration de ce symbole de la défense de nos libertés a lieu le 19 avril 1925. Dans l’église
Saint-Martin, la fanfare municipale et l’orphéon vicquois unissent leur souffle pour faire vibrer la population émue aux larmes. Sur la place de la République, la “Marseillaise” précède
l’abaissement du voile faisant apparaître un Poilu revenu du front tenant dans sa main droite le laurier de la Victoire. Martial Caumont, sculpteur tarbais, a réalisé un personnage hallucinant de
vérité qui déchaîne l’ardeur patriotique de la Lyre qui chante “Pro Patria”, de la Chorale qui exécute “Gloire à la France” et de l’Indépendante qui joue “Le chant du
départ”. Ce grand moment d’émotion rougit les yeux des plus endurcis et de l’assistance fusent des sanglots que l’on ne peut refouler. Cette journée, que Jean Barros a voulu présider comme maire
de la ville, le récompense de vingt-cinq années de bons et loyaux services. Il est battu, quelques jours plus tard, par un nouveau candidat à la mairie. Son attachement aux affaires publiques de la
cité vicquoise est tel qu’il redevient simple conseiller, jusqu’au 22 novembre 1942. Quarante-deux années de présence municipale, qui fait mieux ? Assurément, personne.
Jacques Manuel Fourcade est élu en mai 1925. La ruralité est le domaine de prédilection du maire vicquois. L’effort de son équipe porte, plus particulièrement, sur l’irrigation du territoire vicquois
et la réglementation afférente. En 1939, la même équipe est aux commandes de la cité. L’environnement paysager n’est pas oublié. En février 1939, les ormeaux de la Herray n’ont pas supporté la
rigueur de l’hiver. Ils sont abattus. L’hiver suivant, beaucoup plus rude, la gelée achève les vieux palmiers de la place Gambetta qui auraient souhaité des cieux plus cléments. On propose de les
remplacer par des acacias boules. Les quatre mandats successifs de Manuel Fourcade ont été marqués par des phénomènes climatologiques. Le 13 juillet 1927, un cyclone de grêle s’abat sur la ville. Le
Conseil organise une fête au profit des sinistrés. Le 21 avril 1928, nouvelle tempête de grêle. Le 1er septembre 1934, un ouragan s’abat sur Vic-en-Bigorre. Le 1er septembre 1935, c’est un nouveau
cyclone qui arrache les branches des platanes du Sendreix. Heureusement, on ne déplore aucun accident de personnes mais quelle désolation ! Ces années-là sont aussi celles du premier goudronnage des
rues. Le 9 février 1928, le cylindrage et le goudronnage des rues maréchal Foch et de Rabastens ouvrent l’ère nouvelle des voies où l’on roulera sans secousses ni chaos. Le 4 juin 1930, c’est au tour
du boulevard Galliéni et, le 7 juin, la place de la République. Le 8 mars 1934, la rue de la Marne reçoit le traitement moderne. La rue de Silhac est goudronnée grâce à l’effort partagé de la commune
et des riverains, le 22 août 1937. À l’instar de Joseph Fitte, Manuel Fourcade n’aura pas suffisamment vécu pour savourer la joie d’un nouveau triomphe de ses couleurs. Le 26 décembre 1943, la
maladie a raison de lui, un an après la disparition de son prédécesseur Jean Barros.
Bertrand Léopold Sourdaa est élu après le conflit de 1939-1945. L’été 1946 est consacré au rationnement du lait. Le 15 août, les
trois distributeurs vicquois décident d’arrêter la distribution pour trois raisons principales : le bénéfice commercial est nul à cause de la perte et du coulage, l’impossibilité pour eux de prendre
un repos régulier et l’incompréhension de la clientèle qui se plaint de la faible qualité du lait et d’un approvisionnement irrégulier. En conséquence, le Conseil décide de revenir au régime de la
liberté de vente et à la suppression de la carte de lait. Ainsi, le marché noir sera freiné, les prix diminueront et les intermédiaires seront supprimés. Le lait ne sera plus soumis à des mélanges
occasionnant l’affreuse “tourue”. Le 1er juin 1947, le Conseil constate qu’il n’y a plus de planteurs de tabacs, à Vic-en-Bigorre et résilie le contrat de location d’un terrain destiné à la
réception des feuilles de tabacs, dans le périmètre de la gare. Du matériel d’incendie est acheté aux frères Vanrullen demeurant à Werwicq, dans le département du Nord. On fait des aménagements au
collège de Jeunes filles et un terrain de sports est acheté à Mme Jouana et M. Fenasse pour la somme de 311862 F, en septembre 1946. Le 4 décembre de la même année, les subventions pleuvent : 17000 F
pour la “Lyre vicquoise”, 6000 F pour la “Clique Vicquoise”, 17000 F pour l’inscription des noms des combattants de 1939-1945 sur le monument aux morts de 1914-1918, sculpté par
Martial Caumont, et inauguré en 1925. Les distributeurs d’essence sont taxés de 300 F ainsi que le kiosque à journaux de Mme Despers. On passe un traité d’une durée de dix ans - 1946-1955 - pour
l’addition d’un pensionnat géré par le principal du collège des garçons. Le 5 mars 1947, on achète dix-neuf uniformes pour équiper nos sapeurs-pompiers. Le hangar des tabacs est vendu à M. René
Lafforgue, négociant, pour 50000 F. Deux mois plus tard, la bibliothèque municipale est créée à partir d’un fonds de 200 livres offerts par M. Jean Vincens. Un beau geste qui aura un développement
constant dans les années futures. Le 17 juin 1947, le Conseil décide le percement de la rue de la Poste reliant le boulevard Galliéni à la rue des Écoles, à hauteur de l’immeuble Rosapelly. Le coût
est de 335000 F et un emprunt d’une durée de trente ans est souscrit auprès du Crédit Foncier de France. L’Union sportive vicquoise organise une fête le jour du 14 juillet. La population vicquoise
est de 3400 habitants et 350 cartes d’alimentation sont distribuées aux cultivateurs mais la majeure partie des habitants est urbaine et travaille aux usines de Bazet et à l’Arsenal de Tarbes. Le 18
août 1947, le directeur des PTT demande à la commune un aménagement de l’Hôtel des Postes pour un coût de 100000 F, à la charge de la ville. Le Conseil accepte, bien sûr. Effort bien inutile,
semble-t-il, puisqu’il sera détruit vingt-quatre années plus tard. C’est le dernier acte public du maire Léopold Sourdaa. Il décède le 17 décembre 1947.
Pierre Guillard assure la fonction de maire de Vic-en-Bigorre dès le 22 décembre 1947. Une des premières décisions du nouveau
Conseil est de voter une somme de 250000 F, à la charge de la commune, pour aménager le bureau des Postes. Le 2 mai 1948, on plante l’arbre de la Liberté en bordure du canal, sur la place Gambetta,
pour commémorer le centenaire de la Révolution de 1848. Au mois de janvier 1950, les vicquois pleurent. Les beaux platanes qui ornent la place du Sendreix, depuis 1793, sont déracinés et enlevés.
Pour deux platanes qui prennent de la gîte et menacent une maison d’habitation, à l’entrée de la rue du Château, tous les autres sont déclarés coupables. Le 28 septembre 1950, on décide de déplacer
la statue “Revanche” de la place Gambetta vers la place du Sendreix. En 1953, Pierre Guillard est réélu. Au mois de juin, on acquiert l’immeuble de la perception, à l’avenue de la Gare et
l’électrification des quartiers Saint-Aunis et La Barthe est décidée. En 1954, c’est le projet de construction d’une halle au bétail et la fermeture de la ligne de chemin de fer Agen-Auch-Tarbes. On
a demandé à M. Lamarque, horticulteur de Tarbes, d’arracher les derniers palmiers et les remplacer par des érables pourpres à haute tige. Le 31 janvier 1958, on décide l’amenée du gaz en ville. Au
mois de mars 1959, Pierre Guillard est réélu pour la troisième fois. Le 23 octobre, M. Bonnecarrère est délégué pour arracher le chêne de la Liberté, malade, après avoir rendu un dernier hommage au
symbole de la liberté républicaine. Le 5 août 1960, le Conseil adopte le projet d’électrification rurale avec le concours du syndicat départemental et du Génie rural. Une subvention de 1000 F est
accordée au comité du Tour de France pour le passage de la caravane dans notre ville. La même année, un projet de construction d’une nouvelle caserne de gendarmerie et de vingt logements H.L.M, sur
le terrain du Tivoli, est décidé. Il est également délibéré de rendre un hommage à Jacques Fourcade, avocat au barreau de Paris et premier vice-président de l’Assemblée Nationale qui a œuvré,
énergiquement, pour hâter le règlement des dossiers des victimes de l’accident de la gare, le samedi 29 août 1959. Le parlementaire bigourdan était intervenu pour la création d’une maternité
départementale intitulée “La Maison de la Mère et de l’Enfant” qui sera construite à proximité de l’hôpital, rue de Maubourguet. Pierre Guillard et Julien Tisné, son premier adjoint, peuvent
être fiers de donner à la moitié de la rue de Maubourguet le nom d’un enfant de la ville. La proposition d’un tel hommage émane du conseiller Jean Rouby. Toujours en 1959, est arrêté le projet de
construction d’un foyer des vieux travailleurs avec le concours du Toit familial.
Après le programme social, le programme scolaire. Suite à un incendie accidentel survenu au collège des Garçons, rue Jean Jaurès,
Pierre Guillard alerte son ami René Billères, député radical-socialiste des Hautes-Pyrénées et Secrétaire d’État à la Fonction Publique. Un vaste plan regroupant l’ensemble des enseignements
secondaires classique et moderne est mis sur pied. Dès 1957, les deux collèges de filles et garçons fusionnent en un établissement nationalisé. En 1963, l’éclairage axial urbain, au néon, est achevé.
Vingt kilomètres de voies communales sont goudronnées. À l’élection municipale de 1965, Pierre Guillard est réélu pour la quatrième fois. Ses trois premiers adjoints sont Julien Tisné, Camille
Sarthou et Louis Fourcade. L’aide à l’artisanat local, principalement axé sur la création d’objets en bois ou l’ameublement bigourdan, fait partie du soutien au vaste programme d’équipement et
d’urbanisme que développe l’équipe de Pierre Guillard. Également, l’encouragement de l’activité industrielle d’éclairage aéronautique des laboratoires Abadie et celle des stéréoscopes Lestrade. Le
problème du logement devient le souci majeur de l’équipe municipale. Les années d’après-guerre font apparaître cruellement l’absence d’ensembles locatifs mais l’heure est à la défense contre l’eau et
le feu. Des travaux de construction des berges, à l’Adour et à l’Echez, sont entrepris. Le conseiller général, Pierre Bourda, est très actif sur ce dossier. Un centre de défense contre le feu, pour
toute une région, est installé à Vic-en-Bigorre. Un nouveau collège mixte et un lycée mixte sortent de terre pendant ces années. Pierre Guillard réussit le tour de force d’implanter une petite cité
universitaire. Enfin, le sport n’est pas oublié. En 1969, le projet de construction d’une piscine est adopté. Des aménagements au stade Antoine Ménoni sont réalisés et un gymnase est érigé. De 1967 à
1969, l’Hôtel de ville est rénové intérieurement.
Conséquence de ce véritable bouillonnement social, la population vicquoise grimpe à 4578 habitants, en 1975 (1). Elle était de 3180
habitants, en 1955. L’ouverture du Collège agricole, en 1967, et du Lycée mixte d’État qui regroupe 1300 élèves, en 1970, est une véritable aubaine pour la ville. La population scolaire s’élève à
2000 élèves. Les voisins du Gers et des Pyrénées-Atlantiques sont attirés par le chef-lieu du canton. Le corps enseignant ne craint pas de s’y fixer durablement. Industrie locale et établissements
scolaires créent de nombreux emplois. En 1970, le projet d’implantation d’une station d’épuration est lancé au quartier de la Herray. On peut même espérer, dans les cinq années à venir, un réseau
d’égouts avec des boues résiduelles traitées, séchées et utilisées comme engrais dans l’agriculture. Mais l’absence de pente du sol vicquois demande à l’entreprise adjudicatrice Béguère, de Lourdes,
la fabrication de nombreuses stations de relevage pour faciliter l’écoulement des eaux jusqu’à la station d’épuration. Le coût prévu est de 310 millions d’anciens francs. L’estimation s’exprime
encore, dix ans après sa transformation, en ancienne monnaie. Nos conseillers municipaux sont tellement euphoriques sur la prospérité future de la cité qu’ils envisagent une population s’élevant à
10000 âmes, pour 1985 ! C’est sans compter sur deux funestes chocs pétroliers ! Elle augmentera tout de même un peu, jusqu’à 4683 habitants, en 1982.
Une autre révolution est en marche dans le domaine de la santé publique. Les salles communes de l’hôpital rural disparaissent au
profit de chambres individuelles où les personnes âgées peuvent choisir leur mobilier. Le “troisième âge” avec tout ce que l’expression entraîne de connotations humaniste et compassionnelle
prend naissance à Vic-en-Bigorre, à ce moment-là. La commission administrative de l’établissement, présidée par Pierre Guillard, lance le projet de construction d’un nouvel hôpital de 500 lits, sur
le site des Acacias. Une maison maternelle et un foyer de pupilles, unique en Bigorre, viennent compléter l’ensemble. Une maison de retraite sera construite sur l’emplacement de l’hôpital rural et un
service de géronto-psychiatrie deviendra un nouveau service de l’établissement hospitalier. La population moyenne annuelle de l’hôpital atteint 380 patients. La lassitude fait son œuvre et
l’infatigable maire vicquois lève le pouce et demande de pouvoir jouir d’une retraite paisible. Il ne se représentera plus devant les électeurs de son camp, mais demeure dans l’assemblée du Conseil
général des Hautes-Pyrénées, jusqu’à l’échéance prévue par la loi. Pierre Guillard est décédé le 11 décembre 1981.
Le 26 mars 1971, le nouveau conseil municipal de Louis Fourcade se met en place. Les deux premiers adjoints élus sont Camille
Sarthou et Pierre Sentilhes. La première séance, du 16 avril 1971, est consacrée au relèvement des centimes additionnels dûs aux “charges nouvelles ordinaires et aux annuités d’emprunts”.
Immédiatement après, 50000 F sont votés pour les travaux de la voirie communale. En mai, la décision est prise d’enlever les ordures ménagères trois fois par semaine. Au mois d’août 1971, 70000 F
sont octroyés pour l’acquisition d’un terrain des sports. Au mois d’octobre, l’aménagement d’un gymnase, au terrain des sports, est décidé par la majorité des conseillers. Le montant de la deuxième
tranche du projet d’assainissement s’élève à 204750 F. Un prêt, remboursable en dix-huit ans, est conclu. Le 5 novembre 1971, Louis Fourcade inaugure le nouvel immeuble du service des Postes, bâti
derrière l’emplacement de l’hôtel Maigné de Sallenave. Le projet émane de Pierre Guillard et de son équipe municipale. Il est vraiment curieux qu’aucune voix ne se soit élevée contre la destruction
d’un patrimoine urbain aussi remarquable. La nécessité qu’engendrent les années difficiles d’après-guerre n’excuse pas cette contestable décision. Le service de la Poste aux lettres flambe neuf mais
le service téléphonique est toujours absent. Les P et T n’envisagent un réseau automatisé, qu’en 1973. En décembre 1971, un emprunt supplémentaire de 200000 F est souscrit pour compléter le
financement des travaux de construction de la piscine ainsi que d’autres travaux à l’église Saint-Martin et pour l’éclairage public. L’année 1972 est consacrée à agrandir de 53 ares le cimetière
communal, installer le téléphone automatique, acquérir 18 hectares à la Herray, électrifier progressivement les écarts et les lotissements et construire deux courts de tennis. En 1973, on engage des
travaux en forêt, une procédure d’expropriation à la Herray et on recrée un poste de troisième adjoint. Paul Jarne est élu à cette charge. La création d’emplois est le souci du maire de
Vic-en-Bigorre. Un poste de maitre-nageur et de deux receveurs placiers sont ouverts, en 1971, un poste d’ouvrier d’entretien de la voie publique, en 1972 et un poste de fossoyeur municipal, à 1450 F
par mois, est inscrit au budget de 1974. Le 7 septembre 1974, c’est l’annonce de la triste nouvelle. Louis Fourcade est décédé, brutalement.
Camille Sarthou a déjà participé aux délibérations de quatre conseils municipaux : 1948-1953, 1953-1959, 1959-1965, 1965-1971, avec
Pierre Guillard, et accompli la moitié d’un cinquième mandat avec le maire décédé lorsqu'une élection complémentaire a lieu pour désigner un nouveau conseiller, le 20 octobre 1974. Mme Renée
Dieuzeide entre dans le conseil municipal vicquois. L’élection du nouveau maire a lieu le 27 octobre 1974. Camille Sarthou recueille 21 voix et Renée Dieuzeide, qui n’est pas candidate, 2 voix. André
Rey est élu premier adjoint et Paul Jarne, deuxième adjoint. Le 9 janvier 1975, le stationnement des nomades, sur la commune, fait problème. On leur demande de s’installer au quartier des Arcalès.
Près du pont de l’Echez, l’île qui partage les eaux de la rivière est aménagée par les “Coteaux de Gascogne”. Consigne stricte est donnée de ne pas la faire disparaître. Le 28 février, le
Conseil rejette formellement le tracé de déviation rapide projeté par le service départemental de l’Équipement. Au mois de mars, les boulistes vicquois sont ravis. Un local est construit pour exercer
leur activité favorite. On prolonge les travaux d’assainissement et d’éclairage public. On termine le gymnase. Au terrain des sports, le chantier d’un vestiaire douches et d’un pavillon pour le
gardien est engagé. Trois cabines téléphoniques sont implantées à l’extrémité de la rue de Rabastens, près de la croix de la mission, à l’entrée sud de la ville, et face à l’entrée du stade
municipal, entre la maison Terrade et le groupe médical. En septembre 1975, le Conseil décide l’acquisition d’un terrain pour l’implantation d’un collège d’Enseignement technique. Le 25 novembre,
c’est l’inauguration officielle par l’association des Anciens Combattants et de l’Armée, du Monument aux morts déplacé de la place de la République au square de la Poste à qui l’on donne le nom de
Louis Fourcade. Le 3 décembre, le Préfet préconise l’inscription à l’inventaire des sites du centre ancien de Vic-en-Bigorre. Le Conseil qui, peut-être, n’a pas saisi toute la portée d’une telle
proposition, répond : “Le Conseil continuera, comme par le passé, sans la contrainte d’un cadre rigide, sa politique de respect des quelques éléments originaux architecturaux subsistant sur le
territoire de la ville”. Il est vrai que la désapprobation publique est grande après la démolition du couvert du boulevard d’Alsace, rare vestige médiéval encore présent. Le 12 janvier 1976, un
appel d’offre est lancé pour aménager la perception et la recette locale des impôts dans l’immeuble “Rosapelly”. Le coût est de 700000 F. Le mandat s’achève, la dernière séance du conseil
vicquois a lieu le 4 février 1977. La direction départementale de l’action sanitaire et sociale accorde une subvention de 2682000 F pour la construction industrialisée d’un bâtiment de type
“V120”, à l’hôpital de Vic-en-Bigorre, au titre de “l’humanisation”.
À l’élection municipale du 13 mars 1977, Claude Miqueu mène une équipe qui regroupe les forces politiques de gauche. L’installation
du nouveau Conseil a lieu le 26 mars 1977. Le maire de la ville est élu avec 16 suffrages. Pierre Gratens est élu premier adjoint, Renée Dieuzeide, deuxième adjoint et Jean Mestre, troisième adjoint,
tous avec 16 voix sur les 23 conseillers municipaux présents. Claude Miqueu découvre une commune qui a grandi et s’est transformée. Il s’agit, à présent, de maîtriser cette croissance. La première
décision date du 8 avril 1977. Une école maternelle de cinq classes, pour 161 enfants, sera construite. On y ajoutera une salle de repos pour les chers bambins. L’achèvement du réseau du
tout-à-l’égout est un autre objectif. La création des espaces verts et des voies de jonction entre les nouveaux lotissements, conséquence de la poussée démographique, est mise en chantier. Les
réalisations suivantes seront l’extension du réseau public d’éclairage, l’aménagement de l’Uzerte, l’enrochement des berges de l’Adour et de l’Echez et la créaiotion d’une zone industrielle, au
quartier Saint-Aunis. L’urgence des besoins sociaux n’est pas négligée. En 1980, une association pour l’aide à domicile, en milieu rural, voit le jour. L’hôpital des Acacias est mis en service la
même année. Des investissements lourds sont décidés. Un chauffage au fuel, avec pompe à chaleur et l’acquisition de matériels moder.nes : laveuses, séchoirs rotatifs, presse tournante, etc. sont
commandés..La résidence des Acacias reçoit 52 pensionnaires âgés de plus de soixante ans. L’ancienne maternité devient un service de médecine de douze lits et un service de séjours moyens de dix
convalescents. La poussée démographique a une autre conséquence..Il faut ouvrir six classes de maternelle au “Petit Bois” pour la scolarisation de 180 enfants. La cantine scolaire assure
deux cents repas et les transports scolaires sont rationalisés par l’utilisation de minibus. Créée en 1978, une garderie accueille les enfants du canton de deux à douze ans. Un plan d’occupation des
sols, approuvé le 7 avril 1981, définit les parcelles avec pour finalité le développement de la zone urbaine et le commerce et la protection des zones d’intérêt agricole. L’électorat ne s’y trompe
pas. Claude Miqueu est réélu le 12 mars 1983. De vingt-trois, l’équipe municipale passe à 27 membres. L’entrée remarquée de huit femmes souligne la volonté du maire d’associer les électrices
vicquoises à la gestion de leur ville.
Le deuxième mandat prolonge l’effort engagé dans tous les domaines déjà évoqués et l’accentue en matière d’infrastructure scolaire
publique et privée. Le lycée polyvalent est baptisé Pierre Mendès France par Pierre Mauroy, premier ministre, venu l’inaugurer au mois de juin 1984. Il abrite 1500 élèves et emploie 200 personnes.
Sous cette nouvelle appellation, on retrouve un collège de 800 élèves, un lycée de 330 élèves et un lycée professionnel de 330 élèves. Le transport de cette population se fait à l’aide de dix-huit
cars et le service de la restauration prépare les repas pour 1250 internes et demi-pensionnaires. L’informatique s’installe dans une salle de l’établissement. Un terminal ferroviaire est construit à
Vic-en-Bigorre pour acheminer le pétrole extrait à Castéra-Lou par le groupe Elf Aquitaine..
En 1985, démarre une vaste opération d’amélioration de l’habitat vicquois. Une aide financière
permet la restauration ou la rénovation de l’habitat ancien individuel. Une opération, faussement appelée “Bastide”, est engagée pour des travaux de restauration du centre ville, pendant une
période de quatre ans. Le but avoué est de retrouver le “caractère” des quartiers d’autrefois. À la fin de l’année 1985, d’importants travaux d’économie d’énergie sont lancés. Depuis le
premier “choc” pétrolier, dix années se sont écoulées et le prix du carburant a grimpé vertigineusement. L’isolation thermique est au centre de toutes les conversations et préoccupations des
vicquois. Les matériaux isolants en mousses, plaques, rouleaux, panneaux, envahissent tous les immeubles. On bouche les trous et les moindres fissures où l’air frais pourrait s’engouffrer. Le produit
isolant est injecté, projeté, déversé ou pulsé avec frénésie, partout. En 1987, Vic-en-Bigorre compte 31 lotissements.
En dix années - 1977-1987 - la commune délivre près de 500 permis de construire. Cent trente logements sociaux, de type H.L.M, ont
été construits, quatre-vingt-seize pavillons au lotissement “La Hountagnère”, douze appartements à la résidence “Les Magnolias”, et vingt et un logements à l’immeuble Terrade, rue
Barére de Vieuzac. Enfin, la création d’un centre de secours des sapeurs-pompiers, à la place du Foirail, et la rénovation du centre socioculturel, sur l’emplacement de l’ancien collège des jeunes
filles, complète l’effort de ce deuxième mandat.
Le 12 mars 1989, Claude Miqueu est à la tête de la liste “Union et Rassemblement” et triomphe pour la troisième fois. Le
programme est tracé. L’eau potable à Vic-en-Bigorre est devenue la première des priorités. D’autres objectifs sont planifiés : la modernisation de la station d’épuration et le réseau
d’assainissement, l’aménagement d’une déchetterie, l’achèvement de la salle des fêtes à usages multiples et l’achèvement des travaux de voirie engagés. Dommage que l’engagement financier pour la
salle multimédia fasse renoncer à l’acquisition du moulin de “Latourréte”, plus ancien et dernier survivant des cinq moulins vicquois. Douze conseillers visitent le vénérable vestige mais,
peine perdue, la ville renonce à l’achat. La population vicquoise est de 4898 habitants, en 1990. Pour les cinq prochaines années du mandat municipal, l’ambition ne manque pas pour terminer le
“Vic ancien” et, principalement, la rue du “Château”, les quartiers périphériques, la voirie, les bâtiments communaux et l’hydraulique. Le désir d’une animation économique et
commerciale, sportive et socioculturelle, apparaît. La création de commissions mixtes municipalité-commerçants-artisans-chefs d’entreprises-associations locales traduit l’envie de communiquer des
vicquois au même titre que celle des Français dans une société abreuvée d’informations, désormais, par tous les médias audiovisuels. Un jumelage avec des communes d’Europe et du Tiers-Monde est même
envisagé.
L’élection de 1995 est une nouvelle victoire pour Claude Miqueu. Pas si éclatante qu’en 1989 où il comptait 23 conseillers de sa
liste sur les 27 candidats élus. Cette fois-ci, sa majorité est de 21 conseillers et 6 élus forment l’opposition républicaine. La grosse affaire de l’été 1996, c’est la déviation routière
Andrest-Vic-en-Bigorre. L’aménagement de la route départementale n° 935 s’intègre dans un plan global de désenclavement du département des Hautes-Pyrénées. L’année 1997 voit l’achèvement de
l’opération programmée d’amélioration de l’habitat (O.P.A.H) qui aura permis la réhabilitation et la revitalisation du parc immobilier. Un point de formation et de consultation du réseau mondial
“Internet” est ouvert pour le public, au centre multimédia. En 1998, la communauté de communes “Echez-Montanérés” a cinq ans. Sur neuf programmes financièrement engagés, deux
concernent Vic-Bigorre : la rénovation de la piscine et l’extension du centre de secours. Pour l’année 1999, Claude Miqueu s’engage sur plusieurs projets de “zones d’activité économiques”
dont le premier concerne 15 ha du quartier de la Herray. La Communauté des communes percevra la taxe professionnelle des entreprises qui s’y implanteront et non pas la commune de Vic-en-Bigorre. La
population a fléchi, elle a perdu 95 unités et n’est plus que de 4803 habitants. L’émergence d’une “éco-citoyenneté” est le souhait le plus ardent du premier magistrat qui veut répondre à
ses concitoyens soucieux de la défense et de la protection de l’environnement. À une époque où le mal est déjà profond, le silence est la règle. Courageusement, il met tout en œuvre pour combattre la
présence de nitrates contenus dans le sol vicquois rendant impropre la consommation de l’eau dite potable. Le maire veut connaître la destination des déchets ultimes. Les quatre dernières années
permettent l’achèvement du remembrement des terres agricoles et les travaux hydrauliques de l’Echez. Les aménagements des quartiers périphériques, la construction d’une déchetterie fonctionnelle et
d’une nouvelle gendarmerie ont été réalisés.
Réélu pour la cinquième fois, au mois de mars 2001, Claude Miqueu annonce les réalisations de la prochaine mandature : construction
d’une nouvelle bibliothèque, transformation du centre socioculturel en maison des associations, aménagement de nouveaux lotissements et des logements sociaux, rénovation de l’église Saint-Martin et
installation d’une zone d’activité qui permette de répondre aux besoins des industriels. Il est l’élu du canton depuis vingt-quatre ans et de la communauté vicquoise depuis vingt-six
ans.
Claude
Larronde
(1) L’évolution de la population vicquoise, sans doubles comptes, est donnée par l’Observatoire
Économique.