MEDIATHEQUE INTERCOMMUNALE
Sur la place du Foirail, la médiathèque intercommunale est au point de confluence de l'allée du
Midi, du quai Rossignol, de l'avenue de Pau, du boulevard Galliéni et de la rue maréchal Foch. Si l'on veut être plus précis, elle est située sur la "place de l'Échez" ou la "place du
Claquet", appellations plus anciennes qui positionnent précisément sa situation géographique.
Au XIIIe siècle, l'eau du canal des Moulins bute avec force sur la bordure ouest du canal, avant de
repartir, à angle droit, ceinturer le périmètre du "Château". Un trou carré de 0,50 m de côté, dit de "fore", est percé pour calibrer le débit de l'eau et éviter ainsi l'inondation du
centre-ville, par temps de crue.
Ce point névralgique de la régulation du flux hydraulique fut transformé en atout économique.
Puisque l'eau canalisée s'échappait par ce trou stratégique, on bâtit un petit moulin farinier à une meule - que la population baptisa "Claquet" à cause du bruit caractéristique provoqué par
une latte de bois ou claquet - avec un bief de fuite qui, traversant toute la place, allait se jeter dans l'Échez, en aval du pont de la route du Béarn. Ainsi, le meunier surveillait la hauteur de
l'eau tout en vaquant à ses occupations. Bientôt, une écluse vint remplacer le trou de "fore". On peut affirmer, aujourd'hui, que ce système sécuritaire fonctionne depuis sept siècles
!
Au début du XIXe siècle, l'espace de la place de l'Échez est un peu restreint et manque de
caractère. Des platanes sont plantés en 1815 et quatre maisons de particuliers, à l'est de la place, sont détruites, en 1825. Ceux-ci déclarent vouloir vendre "pour donner une preuve de leur
amour pour le bien public". Germain Pujo, le maire de l'époque, devait être ravi d'avoir de tels concitoyens dans sa ville !
Ainsi dégagée, l'esplanade prit la forme que nous lui connaissons. La nouvelle rue du Foirail,
prolongement de la rue du presbytère, put déboucher jusqu'à cette place jugée sinistre et toujours déserte "à cause des mauvaises rues qui y aboutissent". Bigre ?
Après l'élection du maire républicain Joseph Fitte, en 1881, la Ville engagea de multiples
transformations urbaines. Parmi les plus significatives, l'éclairage public du centre-ville. Le Maire fit l'acquisition du moulin du "Claquet" propriété de Manuel Fourcade qui lui succéda au
Conseil général du canton de Vic-en-Bigorre. Le 4 décembre 1891, il engagea la transformation de l'antique moulin en une petite usine électrique pour l'alimentation de grosses lampes à arcs mobiles,
achetées à la maison Fabius Henrion de Nancy, qui se balançaient tout en haut de huit pylônes à croisillons de fer. L'usine était gérée en régie communale. La force hydraulique disponible au moulin
du "Claquet" permettait d'actionner une turbine, grosse pompe centrifuge développant 50 CV ! Cette puissance apparaît bien dérisoire, aujourd'hui. Inconvénients de cette avancée
"moderne" : il fallut creuser davantage le canal de fuite, jusqu'à la promenade du Nord, et pendant le temps d'éclairage, l'eau manquait en ville. Qu'importe, le plaisir d'y voir
"comme en plein jour" était sans égal !
Plusieurs communes de France s'enquirent de cette installation vraiment révolutionnaire qui plaçait
Vic-en-Bigorre à l'avant-garde des villes des Hautes-Pyrénées. La fée électricité ne remplaçait-elle pas l'éclairage au gaz riche extrait de la houille ? Elles remercièrent la municipalité Fitte pour
"ses conseils éclairés". Le jeu de mots dut mettre en joie le conseil vicquois.
Complétée par une passerelle sur l'écluse et l'érection d'un lavoir public pour abriter, enfin, les
lavandières de l'Échez, la place s'enrichit d'une bascule publique, en juin 1893, heureusement conservée et entretenue. Cette place devait donner asile à "L'Immortelle", dernier chef-d'œuvre
du sculpteur vicquois Edmond Desca, qui aurait traduit un trait d'union entre un riche passé historique et un pôle de culture populaire à l'échelle de l'ambition de notre Cité. La mairie de Paris de
Bertrand Delanoë donna son accord, la mairie de Vic-en-Bigorre devait payer le transport. Contact fut pris par le secrétariat général, puis, plus rien... Peut-être, un futur
projet pour fêter le 10e anniversaire de la Médiathèque intercommunale ?
Claude Larronde