Le marché aux grains se tenait, à ciel ouvert, dans la partie Est de la place Marcadieu et cela n'allait pas sans inconvénients les jours d'intempéries.

Des délibérations municipales pour la construction d'une halle au blé couverte furent prises les 10 février, 6 mai et 9 septembre de l'année 1836. M. Tiffon, architecte de la ville, présenta un projet d'une halle implantée entre Marcadieu et Foirail pour un coût de 300000 F. Le montant fut jugé prohibitif et abandonné. Le 11 février 1853, on créa une commission pour étudier un plan de construction qui n'aboutit pas. Le 25 août 1865, une nouvelle commission fut chargée de présenter un nouveau projet de construction d'une halle couverte. Pour des raisons diverses, le projet s'enlisa. En 1867, la rue des Grands-Fossés - rue Mal Foch - débouche, enfin, sur la place du Marcadieu. C'est le signal pour l'agrégation définitive du vieux quartier au cœur de la ville. Une fois de plus, le 20 août 1875, une commission est chargée d'établir un rapport sur le futur marché couvert.

Le 21 avril 1880, M. Molard, maire de Tarbes, prend les choses en mains et s'adresse aux hommes de l'art pour un projet d'édification : « La Municipalité de Tarbes fait appel aux Ingénieurs-Constructeurs pour l'édification d'une Halle qui devra être d'une grande solidité et d'une certaine élégance » (1). On souhaite une superficie commerciale de 4300 m2, l'emploi d'une pierre noble, celle de Lourdes, ainsi que du fer, de la fonte et des entrées de halle munies de grilles ouvrantes en fer forgé. La superstructure métallique couverte d'ardoise du pays doit montrer des dispositions convenables pour éviter la concentration de la chaleur et assurer une bonne ventilation. C'est que tout le monde a vu la halle aux grains de Vic-en-Bigorre dotée d'une structure toute de légèreté et de grâce érigée par Jean-Jacques Latour, architecte tarbais des Beaux-Arts, décédé en 1868. Pour cette réalisation, la municipalité de Tarbes fixe un montant forfaitaire de 395000 F.

Un concours est ouvert et la commission d'examen des projets est composée du Maire, d'un ingénieur des Ponts-et-Chaussées, un officier du Génie militaire, deux architectes, tous désignés par le maire, un architecte municipal et six conseillers municipaux désignés par le Conseil. Le concours est remporté par la société Henri Joret et Cie, de Paris.

En 1881, la halle au blé a pour façades : la place Marcadieu, à l'est, la route nationale n° 21 Paris-Barèges - partie orientale de la rue Mal Foch, au nord, la rue Marcadieu et la place Saint-Pierre ou aux Pommes-de-terre - aujourd'hui place Parmentier, à l'ouest et le Foirail, au sud. Elle est de dimension respectable : 83,50 m x 51,50 m.

Constituée de trois nefs contiguës, quatre petits pavillons angulaires sont destinés à la loge du concierge, le poste de police, le bureau de pesage et celui de la vérification. Les deux grandes portes centrales d'entrée sont en pierre de taille de Lavoux et situées dans l'axe nord-sud. Deux autres entrées, dans l'axe est-ouest, se veulent un accès spécial pour la galerie du pourtour. Enfin, quatre entrées permettent l'accès aux pavillons d'angle. Les fermes métalliques sont à l'américaine supportées par des colonnes en fonte. Les pilastres sont en pierre de taille de Lourdes. Une charpente supporte la halle centrale, une autre soutient les boutiques intérieures et une troisième porte la marquise extérieure qui fait saillie de 3 mètres pour abriter le trottoir périphérique. Un persiennage métallique habille les quatre façades du bâtiment.

À l'intérieur, et sûrement élément original de la conception de la halle au blé de Tarbes, une ceinture de 160 boutiques marchandes adossées à des murs, au sol carrelé en pavés céramiques retenus par une petite bordure en pierre de Lourdes, est limitée par une cloison de 2,40 m de hauteur qui fait écran avec l'aire principale de la halle pavée en galets ordinaires.

Pour la sécurité de l'ensemble, deux paratonnerres sont plantés et quatre bornes fontaines d'eau servent de bouches d'arrosage.

Un procès-verbal provisoire est établi, le 3 janvier 1883, à la mairie de Tarbes, en présence de J. M Théron, adjoint au maire Charles de Févelas, Labat, architecte municipal, Beccas et Cazenave, conseillers municipaux. Il y a bien dépassement du devis général, présenté par les Ingénieurs-Constructeurs Escande et Cie, qui s'élève maintenant à 404582 F pour les travaux de fondations, maçonnerie en pierre de taille, dallage, toiture, peinture, vitrerie, persiennes en bois, chéneaux et descentes, canalisations d'eau et de gaz, diverses boutiques internes, gros fers et grilles d'entrée en fer forgé.

La réception définitive de la halle au blé a lieu, le 25 janvier 1884, et c'est Louis Caddau, architecte de la ville de Tarbes, qui accuse réception du procès-verbal délivré par la société des Ponts et Travaux en Fer qui a pris la suite de la société H. Joret. Le maire en exercice est M. Vincent Lupau.

Depuis, et au-delà de sa fonction originelle, la halle au blé du Marcadieu sert de point de ralliement populaire pour toutes sortes de manifestations telles que des expositions commerciales, des meetings politiques ou syndicaux et des rencontres musicales ou culturelles. Mais, il lui manque un symbole identitaire, un monument remarquable, peut-être…

(1) «La Halle Marcadieu» - Projet de construction - Archives municipales de Tarbes - 1M1 - Boîte 364.

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