Deux religieux du Mont-Carmel, que Saint-Louis ramena de Terre Sainte en France, fondèrent à Tarbes, un couvent hors les murs de la ville (1). Le 12 septembre 1282, le notaire Vital de Curred enregistra l'accord passé entre l'Evêque et le Prieur du chapitre.

 

Le chanoine Jean-Baptiste Laffon précise : « Le quartier ne possédait alors que quelques maisons le long de la route conduisant au pont de l'Adour, les prairies du Foulon et du Clauzier au sud, et au nord des bouquets d'arbres, des moulins à tan et des tanneries, principale industrie de ce quartier appelé l'Escarnadé, l'abattoir ».

Les premiers pères Carmes tracèrent un plan du couvent, de l'église, du cloître et des dépendances. Le titre du fondateur appartenait aux Basillac. L'édifice avait belle allure qui se développait sur 50 mètres avec un rez-de-chaussée et un étage, salle de classe pour religieux novices, pièces de détention pour religieux « défaillants », logements des domestiques, cellier, pressoir, réfectoire et enclos.

 

Le magnifique cloître abritait 60 moines, au XIVe siècle. L'inventaire de 1660 décrit les colonnes et les chapiteaux « de très beau marbre de jaspe » (2). Le couvent fut victime d'un incendie, en 1466, brûlé par les protestants de Montgomery, du 1er au 5 septembre 1569 et attaqué par les catholiques, en 1574, les réformés s'y étant retranchés. La moine Solon y prêcha l'hérésie et se maria ce qui entraîna un semi-déclin de l'institution, aux XVe et XVIe siècles.

 

De 1564 à 1644, le nombre des frères décrut jusqu'à 18, en moyenne et, en 1651, le monastère des Carmes embrassa la religion réformée. La zizanie se répandit entre réguliers et séculiers avec, pour conséquence, des vocations en forte diminution, jusqu'en 1789, où quatre religieux demeuraient encore.

 

Le couvent et le monastère furent déclarés biens nationaux et mis en vente en trois lots. L'enclos fut estimé 13000 francs et vendu à un particulier. La ville le racheta, en 1837, ce qui autorisa l'ouverture de la rue des Carmes, aujourd'hui rue du Portail-d'Avant. En 1794, le couvent fut évalué à 10000 francs et affecté par la municipalité à divers usages : maison de réclusion pour fonctionnaires suspects, caserne de vétérans, puis d'infanterie, entrepôts de différents objets avant de devenir magasin de fourrages, pour l'armée (3).

 

Par ordre de Monestier du Puy de Dôme, en juin 1793, le clocher devait être abattu « au nom de l'égalité ». Avec ses homologues de l'église Saint-Jean, du Collège et de la Cathédrale, il fut sauvé de la destruction au motif astucieux que les édiles tarbais ne pouvaient accepter une tour sans horloge qui permettait de régler l'heure des travaux, les soins à donner aux malades et scander tant d'événements quotidiens de la vie républicaine. 

 

Par décision ministérielle du 23 octobre 1822, l'État se dessaisit de l'église au profit de la municipalité tarbaise qui accède au désir des 2450 habitants de cette nouvelle paroisse qui seront séparés des 3722 paroissiens restant à Saint-Jean. Mais l'édifice est très ruiné et, à part le clocher du XVe siècle que l'on gardera et qui est toujours là, il faut démolir le corps de la bâtisse et la rebâtir. L'écroulement d'un mur précipite les choses.

En 1841, la nouvelle paroisse est érigée sous le vocable de Sainte-Thérèse avec le statut de succursale de Saint-Jean. Le chanoine Laffon souligne que les paroissiens du quartier furent reconnaissants au clergé de la paroisse « mère » d'avoir favorisé la séparation en privilégiant le bien spirituel des fidèles et marquer leur esprit de sacrifice en consentant une restriction substantielle de leurs propres intérêts financiers. L'inauguration de la reprise du culte a lieu le 1er juillet 1845.

 

La paroisse Sainte-Thérèse est attribuée à l'abbé Guillaume Cieutat, originaire de Bagnères de Bigorre. Nommé très rapidement chanoine, l'abbé Cieutat jouit d'une exceptionnelle réputation. Il entre au conseil d'administration de l'École normale d'instituteurs et préside la commission d'examens du brevet. 

 

En 1864, il est élu président de la Société Académique des Hautes-Pyrénées qui a été créée, le 5 décembre 1853, par Achille Jubinal. Sollicité par Achille Fould, ministre des Finances, le gouvernement impérial veut faire de ce grand lettré un évêque mais sa modestie et sa discrétion décourageront ce projet. Après avoir dirigé pendant 43 ans la paroisse Sainte-Thérèse, il s'éteint le 20 mars 1884 (4).

 

(1) « Histoire et vie d'une paroisse de Tarbes : Saint-Jean » - 1977 - Chanoine Jean-Baptiste Laffon - Edition Marrimpouey.

(2) « Tarbes pas à pas » - Jean-Pierre Bove - 1900 - Éditions Horwath.

(3) « Histoire de l'Ancien couvent et de l'Eglise des Carmes» - Abbé Eugène Lafforgue - 1924 - Tarbes.

(4) « Le monde religieux bigourdan (1800-1962) » - 1984 - Jean-Baptiste Laffon - Edition Œuvre de la Grotte - Lourdes.