ESSAIS COMPARATIFS

CANON A BALLES AVEC :

MITRAILLEURS GATTLING

ET CHRISTOPHE ET MONTIGNY

 

Mitrailleuse américaine Richard Gattling

Musée du Canon et des Artilleurs à Draguignan

 

Au début de l'année 1873, le général Vasse annonce que le canon à balles va être soumis à des expériences comparatives, à l'école d'artillerie de Bourges, avec la mitrailleuse américaine Gattling et le mitrailleur belge Christophe et Montigny. Le lieutenant-colonel fait préparer deux pièces de 13 mm, avec ses munitions, et fait savoir au général que la préparation du modèle de 16 mm est ajournée jusqu'à une date indéterminée. Ces tests sont demandés par le ministre de la Guerre qui a pris l'engagement vis-à-vis des deux constructeurs étrangers de comparer leur système avec celui du canon à balles : "Et mon administration ne saurait s'y soustraire sans exposer l'État au payement d'une indemnité onéreuse". L'atelier de Tarbes envoie deux canons à balles de 13 mm avec affûts, avant-trains et cartouches. Ces deux modèles ont été fabriqués par l'usine du Creusot pendant la guerre de 1870-71. Quatre modèles de 10,7 mm, 12,5 mm, 16,5 mm et 25,5 mm de la mitrailleuse Gattling sont en place. Ils ont été construits, en 1865, par l'usine Colt, à Hartford, dans le Connecticut. Deux modèles de mitrailleurs Christophe et Montigny, de 11 mm et 13 mm, font partie de la compétition.

 

Le 29 novembre 1873, le général de brigade Pierre Barbary de Langlade, commandant l'artillerie du 8e corps d'armée, président de la Commission, rend publiques les conclusions de son rapporteur Révillion, capitaine d'artillerie de la Marine.

 

L'expérience a porté sur des épreuves très diverses telles que : la maniabilité et la fragilité de l'arme, son recul, ses cartouches et leur prix, la robustesse de ses affûts, son mode de transport, la facilité du pointage, la justesse et la rapidité des tirs sur panneaux, la confrontation des divers systèmes de percussion et les améliorations possibles. Verdict final : La mitrailleuse Gattling à faisceau rotatif de 10 canons, en acier, est en tête dans le classement suivie du canon à balles, de 25 canons en bloc d'acier, et du mitrailleur Christophe et Montigny, de 13 mm, avec cylindre canon de 37 tubes en fer. 

 

Aucune arme ne domine la majorité des épreuves. Même, les ordres de classement sont assez également répartis. La mitrailleuse de Reffye est jugée un peu lente dans ses tirs avec un système à percussion, à base d'aiguilles, un peu fragile mais, globalement, elle est mieux conçue pour le service de la guerre.

 

Ces résultats n'auront aucune incidence sur la position de l'État-major français. Pour une raison simple : le colonel baron Berge a déjà signifié à de Reffye la nouvelle tendance qui prévaut au ministère de la Guerre : "Quant à l'outillage que doit recevoir l'usine F' (canon à balles) destinée à la fabrication des canons à balles, je vous prie d'examiner si son acquisition vous paraît aussi urgente. Il se peut que l'on ne construise plus de nouveaux canons à balles et il semblerait plus opportun d'attendre, pour organiser un outillage considérable, que l'on fut fixé sur cette question, qui est encore pendante".

 

Il semble que la "question" soit déjà réglée. Les courriers des prochains mois seront plus explicites. L'armée française semble renoncer à cette arme pour le service de la guerre.

Mitrailleur belge Christophe et Montigny

Musée du Canon et des Artilleurs à Draguignan