Chroniques n° 7 et n° 8 - 5 et 12 juin 2007

Le héros de Campan 

 

J'ai rencontré Jean-Jacques Agostini dans les couloirs des services administratifs de l'Arsenal de Tarbes, dont il était le patron, il y a une vingtaine d'années. Bien vite, nos discussions s'animaient autour de notre histoire locale. 

Cet homme, fort courtois et toujours souriant, nourrissait une passion pour Dominique Gay-Mariolle, né à la Séoube et décédé à Tarbes, en 1818. On peut le comprendre. Bûcheron d'une force colossale, le tambour-major mesurait 2,10 m, taille qui ne se rencontrait guère dans notre Bigorre. 

 

Engagé volontaire en 1792 - il a 23 ans - il fait quasiment toutes les campagnes de la République, Directoire, Consulat et Empire : Italie, Prusse, Pologne, Hollande, Espagne et… j'en passe. Il recevra beaucoup de blessures. À la main gauche, aux deux cuisses; il fut percé, souvent. 

 

Couvert de gloire au pont d'Arcole, où il rattrape de la noyade le général Bonaparte, on lui offre une carabine d'honneur. Au camp de Boulogne, l'Empereur lui remet la Légion d'honneur. Magnifique! Il est fait sergent, en 1810. 

 

Surnommé "L'Indomptable", il pleure sur son manque de connaissances. Illettré, notre sapeur soupire : "Si j'avais eu de l'instruction, j'aurais pu devenir général". L'École, toujours...

Le désert de Bigorre

 

Plus exactement, le saint désert. L'été dernier, j'ai fait le guide pour des amis et me suis rendu à Notre-Dame de l'Espérance, à Tarasteix.

 

L'endroit mérite bien sa qualification. Quel endroit délicieux : surélevé, silencieux, végétal. Propice au retour sur soi, à la méditation, à l'élévation de l'esprit. Quelque étourdi qui quitterait brutalement une émission de la Star'Ac pour se retrouver plongé dans l'épais silence du cloître des Carmes, risquerait, à coup sûr, une complication coronaire... Grave !

 

Le père Mercier a eu l'extrême gentillesse de nous commenter les lieux et expliquer le pourquoi d'un désert, là. L'idée vient d'un saint homme, oublié et peu invoqué aujourd'hui : le curé d'Ars. 

 

Au père Herman Cohen converti par l'Eucharistie et fervent de la Vierge Marie, remarquable pianiste - élève de Liszt - qui lui manifeste son désir de s'ensevelir dans un désert, près de Lourdes, le bon curé lui répond : "Fondez plutôt votre saint désert, il s'y fera beaucoup de bien". Le saint désert a été fondé, puis oublié pendant cent ans, dégradé, ruiné, victime des vandalismes ordinaires et d'un abandon général qu'il ne mérite pas.

 

Pourtant le site est protecteur, le silence réparateur et le désert… accueillant.