Chroniques n° 41 et n° 42 - 22 et 29 avril 2008

En 1943, Raymond Brutinel et Dominique Baylaucq

Raymond Brutinel le patriote

 

Je reçois d'un internaute la trajectoire de Raymond Brutinel (1882-1964) qui fait ses classes au 53e R.I, à la caserne de Reffye. Il en sort Sergent-chef, en 1905, et épouse Marie Calamun (1882-1952), orpheline, originaire d'Arreau et nièce de Ferdinand Foch dont la sœur Eulalie Foch avait épousé Bertrand Calamun. Le jeune couple s'établit à Edmonton, province d' Alberta (Canada) où Raymond fait une fortune évaluée à 1000000 de dollars canadiens, en 1913. Il utilise une partie de ce capital pour inventer et financer une brigade d'automitrailleuses enrôlée en France, de 1915 à 1918. Avec l'accord du président Poincaré, il garde la nationalité française mais sert le drapeau anglais. Commandant le corps des mitrailleurs, il défend la guerre de mouvement et fait appliquer le tir indirect (trajectoire courbe) aux armes canadiennes et anglaises. Ainsi, il contribue puissamment à la victoire de Vimy, en 1917. Il rencontre le général Foch sur le front. Après la démobilisation, le Brigadier général reçoit plusieurs fois, chez lui, à Sèvres, le maréchal Foch. Établi en France, à Bordaberry, à Hendaye, ce double patriote crée le réseau «Marcus» d'évasion de pilotes et prisonniers évadés auquel collabore Jean Baylaucq, père de mon informateur, ainsi que Léonce Dussarat "Léon des Landes", pendant la deuxième guerre mondiale. En route pour la conférence de Potsdam, Winston Churchill fera un séjour chez lui, en juillet 1945. Raymond Brutinel achètera à Paul de Cassagnac, brillant manieur de plume et d'épée, le château du Couloumé-Mondebat (Gers) où il finira ses jours. Étonnant, non?

Le Pic, ce "vaisseau des étoiles"

Ramond et le Pic du Midi

 

Le Pic du Midi et un lieu de science et de découverte et Louis-François Ramond de Carbonnières (1755-1827) un curieux personnage. Né à Strasbourg, il est issu d'une famille aisée. Son père est trésorier à l'extraordinaire des guerres. Il n'a pas de formation scientifique mais il suit un cursus universitaire d'où il sort avec une licence de droit au bout de deux ans. Sa première ascension date du 2 août 1787 et, un an avant sa mort, le 13 mars 1826, il communique à l'Académie des sciences un mémoire: «Sur l'état de la végétation au sommet du Pic du Midi de Bagnères: Observations météorologiques». On peut penser que la fréquentation d'Auguste Dangos, astronome tarbais, n'est pas étrangère à ses observations. Sa venue en Bigorre est inhérente aux intrigues de la Cour, dans les années 1780, et à la renommée thermale des stations pyrénéennes. Secrétaire particulier du cardinal de Rohan, exilé après l'affaire du collier de la Reine à Barèges, il est à la fois naturaliste, botaniste, géologue et physicien. Il gravit le Pic 35 fois en 15 ans, de 1787 à 1810, dont les récits sont regroupés dans «Pic du Midi: mes voyages». Pour l'astronome Jean-Christophe Sanchez qui a étudié ses travaux scientifiques, il a inventé le pyrénéisme. Un sacré personnage !