Chroniques n° 45 et n° 46 - 27 mai et 3 juin 2008

dessins Christian Sabatier

Le château démoli

 

Et bien oui, il y a eu un château à Andrest! En 1996, une équipe de passionnés s'est mise en quatre : S. Abadie, J.-P. Carrère, M. Fontan, F. Guinle, pour nous le décrire. Bâti en carré (29 m x 27,5 m), entouré d'un large fossé de 15 m environ, des murs en galets roulés liés à la chaux, d'une épaisseur de 1,5 m, s'élevaient sur une assise en briques. Côté sud, une tour carrée à 3 étages par laquelle on entrait. Un pont-levis s'abaissait devant une porte double donnant accès à la cour. À gauche, une petite étable garnie de mangeoires, à droite, une chapelle avec sa petite cloche. Le corps d'habitation est composé d'une fournière où l'on trouve 3 grandes meyts pour faire le pain, 2 tamis, une vieille table avec les tréteaux et un crémail. Une salle basse avec 2 croisées sans vitre ni loquets, un vieux banc de noyer et un dressoir en sapin. Une cuisine où l'on voit une table longue en sapin, un grand banc de chêne, un grand crémail et une paire de chenets pour la rôtissoire. Une chambre de dépense et une chambre de bureau sont meublées d'un châlit en chêne, d'un coffre et d'une armoire en sapin. Au-dessus, des greniers contenant 6 charrettes de fagots et sarments, 24 sacs de froment, 36 de seigle, 20 de carron, 15 de millet blanc et noir, 4 de fèves, 4 d'orge, 1 de pois et 1 quartère de lentilles. Luxueux, non?

1855 - dessin de Pégard

Les malheurs de Saint-Sever

 

Je tire d'un texte de Luc Maury, les vicissitudes du monastère acheté, en 1792, par le citoyen Merens pour la somme de 2000 francs. Devenu De Merens, le propriétaire décide que le pavillon des Hôtes est un château. En 1815, un corps de troupe est envoyé de Tarbes avec un canon pour éloigner les habitants de la porte de l'église. On force celle-ci à coups de hache et on emmène les orgues jusqu'à l'église Saint-Jean. En 1886, les De Merens sont cruellement endettés auprès du Crédit Foncier de France qui, par un arrêt du Tribunal civil de Tarbes, est indemnisé en recueillant le monastère. Que faire, alors? Le Conseil municipal de Tarbes propose l'achat du tout pour 30000 francs. La Société Académique et des personnalités de la ville intercèdent pour l'acquisition du cloître et son placement au jardin Massey. D'autres bâtiments sont achetés par les agriculteurs du lieu. La commune conserve le pavillon des Hôtes et y installe l'école, la poste et la mairie. Le solde est acquitté par les 450 habitants du village. Les bâtiments monastiques seront classés Monuments historiques, en 1914, mais, par déficit démographique, tomberont bientôt à l'abandon. En 1941, comme s'il fallait accentuer les malheurs du temps, l'Aile aux Moines s'effondrait...