Chroniques n° 31 et n° 32 - 5 et 12 février 2008

dessin journal "Présence A.T.S"

Jambe d'acacia

 

J’ai connu Rodolphe Bacarat à l’A.T.S. Petit homme rond doté d’une jolie plume, il eut son heure de gloire en racontant les aventures d’André Cazaillon dit Cazail, ajusteur de la 2e Division, entre les deux guerres. Pitre, rigolo à froid, présentant un visage impavide, Cazail avait des dons certains pour la farce en tous genres et en tous lieux. La porte d’entrée de l’avenue Renaudet était surveillée par un Garde qui avait laissé sa jambe gauche à Verdun. Mal ajustée à son moignon, la prothèse le faisait souffrir. Il découvrit un pilon, en acacia massif, au Marcadieu. Lyrique, le vendeur l’assura qu’il avait appartenu à un pirate célèbre du XVIIe siècle "Nak’un œil". Ce substitut boisé lui allait tellement bien qu’il racontât l’histoire à tout le monde et il gagna le sobriquet de "Jambe d’acacia". Complice des retardataires, il mettait un temps infini à fermer cette porte d’entrée. Un matin, Cazail, en retard comme toujours,força le passage et renversa le Garde. Horreur! Le pilon était brisé à mi-hauteur. Cazail alla quérir le charron de l’A.T.S qui opéra sur le champ. En 15 mn, un magnifique "Pied d’alu" remplaça le pilon Louis XIII. Depuis, le Garde changea de sobriquet et commença une déprime grave.

Ouille ! Des serfs...

 

La lecture de la monographie du village de Sarrouilles, écrit par Émile Barragué en 1949, m’a fort intéressé. L’avant-propos de ce livre, vendu au profit de l’orphelinat Lamon de Tarbes, nous rappelle que les habitants du haut Moyen Âge attachés à une terre serve s’appelaient les « servi », « Auilles », puis, plus tard, les « Sar-Auilles ».

 

Au XIIe siècle, ils furent libres d’aller travailler à l’extérieur de la commune. Les Serf-Auilles ne pouvaient acheter la terre mais la louer pour un bail prolongé moyennant une redevance en nature, après 1315.

 

L’affranchissement et le rachat de leur liberté, décidé par Louis le Hutin, furent symboliques. Pour se faire, les bourgeois fournirent aux serfs une patraque, un sol, un liard et une obole pour prix de leur liberté. Le bail était transmissible à leur primogéniture mâle. Jusqu’avant la Révolution, Sarrouilles n’est qu’un hameau d’Aureilhan. Le lieu est administré par un seigneur ecclésiastique qui siège à Aureilhan et qui porte le titre de Seigneur Commandeur.

 

Donc, ici, pas de seigneur laïque. Les révolutionnaires  aboliront cette redevance et les Sarroullés deviendront propriétaires de la terre que leurs ancêtres avaient défrichée et les sépareront de la commune tutélaire.