dessin Jean-Claude Pertuzé
Et la virginité alors ?
En ces jours où la perte de l'hymen occupe tant les médias, j'extrais quelques fragments d'un
texte écrit, en 1860, par le poète bagnérais Paul Cardeilhac : «Les jeunes filles, qui, soir et matin, montent aux
granges pour soigner le bétail rencontrent sur leur chemin des garçons chargés de la même tâche. Quand on se retrouve ainsi chaque jour sur la montagne, aux bords des ruisseaux, sur la lisière des
bois, on ne s'en tient pas à de simples formules, à un bonjour ou à un bonsoir... Ici, sur cette terre patriarcale, les suites d'une première faute, comme dit la pruderie moderne, ne sont pas
irréparables. La pauvre enfant qui s'est laissée prendre à de douces et trompeuses paroles, qui a cédé naïvement, sans arrière-pensée, à une surprise des sens ou à une faiblesse du cœur, n’est pas
condamnée sans appel, poursuivie sans trêve, flétrie sans miséricorde. Ce cruel anathème dont nous écrasons dans nos villes la femme fragile, la femme tombée, il ne pèse point ici sur la pauvre
créature qui n'a souvent eu qu'un tort, celui d'avoir été confiante et crédule...Souvent même, il arrive que la jeune fille abandonnée par son séducteur, trouve un garçon honnête et laborieux, qui
l'épouse et reçoit avec elle, sous le toit, le fruit d'un amour illégitime...Heureuse la vallée où les mœurs et les usages sont plus forts que les lois, et où les plus vrais et les plus naturels
instincts de l'âme ne sont point étouffés par nos ridicules préjugés et nos stupides conventions». Conclusion pleine de bon
sens.