L'INFANTICIDE D'ARRAS-EN-LAVEDAN
Le 21 avril 1851, Jeanne Marie Bordères, 37 ans, fileuse, née et domiciliée à Arras, est accusée d'homicide volontaire sur l'enfant qu'elle vient de mettre au monde, le 1er avril 1851. Le Procureur général la renvoie devant la Cour d'assises du département des Hautes-Pyrénées, à Tarbes (1). L'acte d'accusation est particulièrement accablant :
Le 3 avril, le bruit se répand dans la commune d'Arras que Jeanne Marie Bordères a accouché et fait disparaître son enfant. La Gendarmerie se rend chez elle et reçoit l'aveu qu'elle a mis au monde un enfant vivant, venu avant terme, et qu'elle est allée le jeter dans le canal des moulins. Aussitôt, les recherches sont déclenchées qui amènent la découverte du placenta. Sa conformation annonce que l'enfant est né viable et à terme.
Pressée de nouvelles questions, elle avoue qu'aussitôt la délivrance, elle a serré les narines de son enfant pour empêcher que ses vagissements ne soient entendus. Ensuite, elle l'a porté dans sa chambre où le voyant respirer encore, elle lui a serré le cou avec la main, jusqu'à la mort. À ce moment, elle l'a placé dans un sac de cuir contenant des cendres et l'a enfermé dans une armoire.
Le lendemain, la Justice se transporte à Arras où Jeanne Marie Bordères réitère sa dernière révélation que confirme M. Dazour qui a procédé à l'autopsie du cadavre de l'enfant. De sexe masculin, il est venu à terme, né vivant et a respiré. Des empreintes ont été retrouvées sur son cou et le sang expectant autour de ses narines et dans sa bouche ne pouvait provenir que de fortes pressions exercées sur ces parties.
Enfin, la mort de ce nouveau-né, de forte constitution, ne pouvait être attribuée qu'à une véritable strangulation.
Au parquet de la Cour d'appel de Pau, le 1er mai 1851, le Procureur général ne put que reconnaître la culpabilité d'homicide volontaire, sur la personne d'un enfant, de la fileuse d'Arras, en vertu des articles 295, 300 et 302 du Code Pénal. Ce crime devait être puni par la Loi.