Morceaux choisis

Valeureux, il le fut, tant dans son engagement patriotique que dans sa manière de servir comme caporal au 83e R.I de Toulouse, sergent au 209e R.I d'Agen et sous-lieutenant au front. Il a vécu des événements dramatiques : la bataille de Bertrix, en Belgique, la retraite harassante - 700 km à pied - jusqu'à la Marne, les tranchées de l'Aisne face aux troupes d'assaut allemandes indélogeables cachées dans les "creutes".

 

L'ennemi est là, à moins de 10 mètres. Attaques répétées à la grenade, blessures aux jambes. Repli sur Orléans, arrivée au séminaire de Saint-Pé-de-Bigorre transformé en hôpital. Convalescence chez lui, à Vic-en-Bigorre. Rappel à Toulouse. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur pour sa brillante conduite au feu.

 

Ses états de service lui permettent d'entrer au 2e Bureau de la 158e Division d'infanterie du général Humbert (IIIe Armée). Agrégé d'allemand, dessinateur et aquarelliste, Louis Caujolle est fort estimé au service cartographique. Officier d'Etat-Major, ses fréquentes visites en première ligne pour repérer les nouvelles positions allemandes, étonneront plus d'un Poilu.

 

Il a écouté avec ferveur le discours du général Foch sur le rôle des chefs, le 23 septembre 1915, à Roclincourt (Pas-de-Calais), rencontré le général Pétain, le 30 mai 1917, à Crouy (Aisne), pour le retour au calme de soldats mutinés, été félicité par Georges Clemenceau, le 21 mars 1918, à Clermont-sur-Oise, pour sa localisation des canons allemands qui terrorisent les Parisiens, participé aux fêtes de la Victoire, le 14 juillet 1919, sur les Champs-Élysées, parce que choisi parmi 100 officiers décorés de la Légion d'honneur pour former une garde d'honneur à l'Arc de Triomphe de l'Étoile.

 

Un témoignage exceptionnel sur une période historique.

Aquarelle Louis Caujolle

 

Le parler vrai du Maréchal Foch

 

À la veille du 87e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne, le 11 novembre 1918, voici le témoignage du Lieutenant vicquois Louis Caujolle à la tête de la 4e section de la 17e compagnie - 209e R. I, 67e brigade, 17e Corps d’armée, 4e Armée - agrégé et futur professeur d’allemand au lycée de Tarbes.

 

Jeudi 23 septembre 1915 : De l’Atlantique aux Vosges, une grande attaque se prépare. Le peuple français va se ruer sur l’envahisseur pour finir de le chasser hors de notre pays. Une artillerie formidable fait rage jour et nuit et écrase les positions ennemies. Une pluie de fer tombe de part et d’autre. Quand le sol sera bien bouleversé, nous nous élancerons à la baïonnette vers la Victoire… Ou la Mort !

 

Notre reconnaissance ce matin, à Roclincourt (Pas-de-Calais) : trois gros obus de 210 mm tombent autour de nous. L’un d’eux a bien failli nous tuer ! Ah ! Les cochons ! Un gros éclat frôle la tête du sergent Feyry. Les boyaux sont battus, bouleversés par la mitraille. Il va y avoir de la casse !

 

Le général Foch qui dirige l’attaque nous a fait rassembler à l’arrière dans un pré. Nous sommes là près de 500 officiers et sous-officiers groupés autour du chef, en carré. Le général Foch, que nous voyons pour la première fois, nous fait grande impression. C’est la première fois depuis le début de la guerre que nous voyons un général français vainqueur de la redoutable armée allemande. Vainqueur de la Garde allemande aux marais de Saint-Gond et un des principaux artisans de notre grande victoire de la Marne, vainqueur des Allemands sur l’Yser ! Sanglé dans son dolman noir d’artilleur, svelte, nerveux et souple comme un officier de cavalerie ; le képi un peu rabattu sur les yeux, le visage énergique, la voix nette, il nous expose avec clarté en pesant sur les mots essentiels, en répétant, au besoin, les buts et les directives de l’attaque qui se prépare : « Vous êtes des chefs et quelque soit votre grade, depuis le général jusqu’au simple chef de section, vous devez vous préparer de toute votre âme, de toute votre conscience, à la mission qui vous incombe. Les hommes vous suivront partout. Mais à vous de savoir bien les conduire. À vous donc de reconnaître minutieusement, dès à présent, les zones d’action et les objectifs qui vous sont assignés. Avant de conduire vos hommes dans les positions de départ, allez dès à présent les reconnaître, reconnaître les itinéraires pour éviter des erreurs et des fatigues inutiles à vos hommes. Allez en toute première ligne, étudiez, regardez le terrain sur lequel vous allez vous élancer. Cherchez un point de repère pour le premier bond en avant, puis pensez aux autres points de repère, aux autres objectifs vers lesquels vous orienterez vos hommes au cours de la progression. Le haut commandement fera son devoir et préparera tout avec la dernière minutie. À vous de faire le vôtre ».

Éditions Gascogne - 217 pages - 2011.

 

Prix de l'ouvrage = 12 € + Frais d'envoi (France métropolitaine) = 5 €

 

Total : 17 €

 

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