LE HANGAR AUX MATERIELS

 

Dans les travaux de reconstruction de la guerre 1914-1918

le charriot Ardennais tient une bonne place

Archives ATS

Le sacrifice des femmes de l'Arsenal de Tarbes, 

pendant la première guerre mondiale, sauva la Patrie.

cliché Claude Larronde

L'Arsenal : les femmes aussi

 

Je n'ai pas été surpris de voir les femmes d'Arsenalistes prendre le flambeau de la révolte pour sauver l'Arsenal de Tarbes et appeler à un sursaut républicain population et élus haut pyrénéens, dès le 23 mars 2003.

 

J'ai apprécié leur effort de recueil de milliers de signatures pour maintenir le site et les emplois de GIAT Industries. Déjà, la remise d'une pétition à la ministre de la Défense et aux stratèges militaires à la courte vue est un premier résultat réconfortant. Puis, elles développent une énergie considérable pour le soutien de tous les salariés qui luttent au quotidien, encore et toujours, et ne baissent pas les bras. Je recherche le mot juste pour caractériser le combat courageux de ces citoyennes, mères, épouses, compagnes ou amies et un seul qualificatif s'impose à moi : patriotisme.

 

Comme vous y allez ! Civisme, sûrement, mais patriotisme…

 

Assurément, le patriotisme est multiforme et, avouons-le, ce bel élan civique qui consiste à pérenniser, à Tarbes, un établissement de la Défense et sauvegarder l'économie d'une ville ou contribuer à épargner d'innombrables vies humaines comme ont su le faire d'autres femmes arsenalistes, n'est-ce pas du patriotisme ?

 

Au mois de mars 1915, elles étaient venues de partout et des Hautes-Pyrénées. Elles se firent artificières ou usineuses dans les divers ateliers où l'on conditionnait le fulminate des amorces ou le bourrage des cartouches d'une poudre jaune dénommée mélinite qui les faisaient ressembler beaucoup plus à des canaris - surnom donné par les ouvriers de la cartoucherie - qu'à des figures humaines.

 

Les Tarbaises et les Bigourdanes n'ignoraient en rien la dangerosité de ces produits et leur inflammabilité. Et pourtant, elles furent 5940 à braver tous les dangers, pendant quatre ans, dimanches et jours fériés compris. Neuf d'entr'elles payèrent de leur vie ce courage patriotique. Elles reposent au cimetière Nord de la Sède(1). Toutes les autres, la peur au ventre, blaguaient, riaient ou priaient en espérant la sirène du soir, signe d'arrêt de cette production de l'enfer.

 

Le maréchal Joffre le déclarait : «Si les femmes qui travaillaient dans les usines de guerre s'étaient arrêtées vingt minutes, les Alliés perdaient la guerre».

 

L'honneur de l'Arsenal, c'est aussi ces femmes, toutes ces femmes qui se sont battues et se battent, encore, pour sauvegarder ce patrimoine national. Bienfaiteur humaniste, son fondateur a dépensé des trésors d'énergie pour le bâtir avec un entêtement légendaire et l'aide généreuse et solidaire de son personnel qui réglera, de ses deniers, le buste en bronze de la douleur et que les travailleurs du GIAT ont magnifiquement fleuri, l'autre matin.

 

Jean-Baptiste Verchère de Reffye aurait approuvé la combativité des arsenalistes d'aujourd'hui et, comme un symbole de résistance à l'adversité, l'action courageuse de leurs compagnes.

 

(1) Sur ce Monument aux morts de l'Arsenal, sculpté par Martial Caumont, on peut lire : «Le personnel de l'Arsenal aux Soldats, Ouvrières et Ouvriers morts pour la Patrie».