Bestiaire
Bigourdan
MEDIEVAL
Hautes-Pyrénées Nord
Extraits de textes
Laure Latanne-Bey
Le Serpent de la tentation
Église de Saint-Sever de Rustan
Le serpent s'enroule autour de l'arbre de la connaissance placé au centre de la composition : Eve vient d'offrir la pomme à Adam ; leur nudité, qu'ils cachent avec une feuille, leur apparaît désormais honteuse ; déjà, l'ange attrape Adam par le poignet pour le chasser du paradis. Les visages tristes rendent compte de l'irréparable de cet épisode fondateur de la civilisation chrétienne. Ce chapiteau en pierre du XIIe siècle, signifie que tout comme le lion, le serpent est un animal à la symbolique riche et contradictoire, aussi bien dans les textes chrétiens que dans la culture populaire.
La Bête diabolique de St-Michel
Église Saint-Orens de Larreule
Chapiteau en pierre calcaire du XIIe siècle provenant de l'ancienne abbaye Saint-Orens de Larreule. Armé d'un bouclier au bras gauche, Saint-Michel piétine et terrasse la bête diabolique de sa lance puis protège une âme contre les bêtes effrayantes des enfers et enfin retient le bras d'Abraham qui s'apprête à immoler son fils ; l'agneau du sacrifice porté par un ange pour remplacer Isaac sur l'autel est à droite.
Le Chat
Église Saint-Pierre de Lannemezan
Chapiteau en pierre calcaire du XIIIe siècle, côté droit du portail, sur lequel est sculpté un chat en cape tenant une torche qui représente, sans doute, le diable. En 1233, le chat noir fut déclaré "serviteur du diable" par une bulle du pape Grégoire IX. Au cours du XIIIe siècle, l'Église associa le chat à la sorcellerie et ce n'est que lors de la grande peste du XIVe siècle qu'on reconnut au chat une valeur sociale puisqu'il chassait les rats et les souris porteurs de maladie.
Hybride & Grylle
Ancienne chapelle des Carmes
à Trie-sur-Baïse
Figure féminine ailée à queue de dragon, en pierre calcaire du XIVe siècle. Chapiteau de l'ancienne chapelle du couvent des Carmes de Trie-sur-Baïse du XIVe siècle. Cette nouvelle imagerie gothique où le monde est "bestorné" - les hommes sont devenus des "bestes" - se diffuse partout en Europe au XIVe siècle. Le corps hybride traduit la chute de l'être humain vers une condition animale. Car l'animal est considéré au Moyen Âge comme un être inférieur à l'homme et soumis à sa condition, tandis que l'homme doit tendre de tout son être vers Dieu. L'unité s'oppose ici à la multiplicité qui est signe diabolique selon les auteurs chrétiens.