Tarbes - Cloître du Jardin Massey

 

Cliché Claude Larronde

 

Bestiaire Bigourdan

 

Extraits de textes

Laure Latanne-Bey

Tout comme leur cousin l'âne joueur de lyre, célèbre quadrupède qui décore les églises romanes en France, Italie, Espagne et jusqu'aux îles britanniques, ce singe soufflant dans une cornemuse et ce bouc flûtiste se moquent de la sottise humaine. L'Antiquité grecque avait déjà, dans une fable de Phèdre, rapproché l'âne d'une lyre, afin de montrer son inaptitude face à l'instrument. L'extrait d'une lettre du célèbre philosophe Pierre Abélard (1079-1142) éclaire le sens de cette saynète courante : " Il est un âne devant une lyre le lecteur qui tient un livre et n'en comprend pas le sens ".

Une tête de renard, coiffé du chapeau du clerc, émerge au-dessus d'un piège dont on voit le filet. Ses paroles sont inscrites sur la banderole qu'il tient entre ses dents. Ses ouailles (ses futures proies - lapins et poules) écoutent sagement : "bonnes et dévotes gens, fuyez les terriers, car les furets vous y attaqueront, mais allez dans les buissons, chante qui a bonne cachette" et "bonnes gens, fuyez les pâtis car le milan y vole souvent, allez dans les ronces où vous serez en sûreté et cœtera". La critique envers les mauvais prédicateurs est claire. 

Le renard ne s'en tirera pas à si bon compte, puisque ses mauvais conseils sont punis sur l'autre face du chapiteau, où il est mis à mort par des oiseaux au long cou (cygnes?) qui lui fouillent les entrailles.

La fable est une variante des fables bien connues du loup et de la grue et du renard et de la cigogne.