SOULT ET WELLINGTON À VIC-EN-BIGORRE

LE 19 MARS 1814

8 mars 1814 - De Rabastens de Bigorre, le maréchal Jean de Dieu Soult, duc de Dalmatie, lieutenant de l’Empereur et commandant en chef de l’Armée des Pyrénées, écrit à Henri Clarke, duc de Feltre, ministre de la Guerre : «Si les populations des départements des Landes, du Gers et des Basses-Pyrénées étaient animées d’un meilleur esprit, ce serait le moment de faire beaucoup de mal à l’ennemi en enlevant ses convois et ses prisonniers; mais elles paraissent plus disposées à favoriser les Alliés qu’à seconder les Français». Ah ! Si les conscrits n’abandonnaient pas leurs drapeaux en aussi grand nombre ! Pour les quelques braves qui veulent encore se battre, il n’y a plus de souliers ni de fusils à leur offrir.

 

10 mars 1814 - Le Maréchal, logé à Tarbes, chez Antoine Péré, comte d’Empire et premier sénateur des H.P, croit dans la bravoure et le patriotisme des Haut-Pyrénéens. Il confie à d’Arbaud-Jouques, Préfet des H.P : «J’ai cru changer de climat en entrant dans votre département».

 

19 mars 1814 - 9 h - L’affaire de Maubourguet - Le Maréchal fait surveiller l’aile gauche alliée par la brigade de cavalerie du général Berton. Elle est composée du 13e Rgt de Chasseurs à cheval de Vial et du 21e Rgt de Chasseurs à cheval de Duchâtel. Le 13e Rgt doit se retirer en direction de Rabastens par la route de Lafitole, car repoussé au quartier du Faubourg par les brigades de la cavalerie d’Alten et les hussards de Somerset. La colonne anglaise de Picton, où a pris place Lord Wellington, vient de Madiran et s’avance vers Maubourguet. Placée à l’avant-garde, la cavalerie lourde allemande du Major général Von Bock, se présente devant le pont de l’Échez coupé sur les ordres de Soult. Elle tente de franchir, à gué, la rivière Échez. À ce moment, les Chasseurs français, cachés, tendent une embuscade et une violente fusillade éclate. Trois cavaliers alliés sont tués et les autres refluent dans Maubourguet. Le 21e Rgt, unité d’élite, les «culbutent» et les «sabrent». Ce jour-là, il y a trois combats. Une violente embuscade ayant eu lieu au pont de l’Échez, le deuxième combat se déroule en lisière du bois de Marmajou, probablement sur la route, aux lieudits Saint-Pé-de-Bassi et Latoude. À nouveau surprise, la King German Légion de Bock est refoulée en direction de Maubourguet. Puis, Berton se replie vers Rabastens de Bigorre.

 

11 h - Le combat de Vic-en-Bigorre - Parti de Monségur, le général Drouet d’Erlon traverse l'Échez par le gué d'Arribe - rue Garderive - et pénètre dans Vic-en-Bigorre. Il s’engage sur la route de Maubourguet pensant y retrouver le général Berton. Il n’a pas franchi 500 m qu’on lui signale les cavaliers allemands.

 

Quatre canons sont mis en batterie. L’artillerie, les convois et les blessés peuvent alors traverser Vic-en-Bigorre et se diriger vers Tarbes. Le combat de Vic-en-Bigorre est d’une extrême violence. Les 6e Léger, 69e et 76e R.I de la 1re division de Darricau sont en première ligne. Les 31e, 51e, 75e, 118e et 120e R.I de la 2e division de Darmagnac sont échelonnés en arrière pour prêter main-forte. À 2 h de l’après-midi, la bataille fait rage. La cavalerie anglaise est repoussée jusqu’à Baloc où l’ennemi est maintenu jusqu’à 3 h de l’après-midi mais plusieurs colonnes alliées débouchent simultanément. Il faut dégager la 1re division qui va céder et c’est la 2e division qui subit, jusqu’à la nuit, les plus gros dommages; les blessés y sont nombreux. L’ordre de repli est donné. Le combat de Tarbes se profile pour le lendemain 20 mars 1814. Nous y reviendrons.

 

Claude Larronde