FETES PYRENEENNES : L'AUDE ET L'ARIEGE

 

A l'Est du col de Port, à Quillan, la population, affublée de faux nez, célèbre la Mi-Carême en un galop nocturne infernal (1).

Le département de l'Aude est une région complexe qui participe du Languedoc et de la Catalogne aux plans ethnique et linguistique. L'influence de la Provence se retrouve dans les cours et les tours de Carcassonne et les troubadours font escale dans le Foix médiéval.

La coutume du calendrier s'ouvre le 31 décembre. Avec sa compagnie armée de bâtons, le Roi part à la chasse au roitelet. L'heureux tueur du premier volatile est traité royalement, le jour des Rois. Tout au long de la journée, le festoiement est de rigueur. L'oiseau sacrifié est suspendu à un long bâton et entouré d'une guirlande d'olivier, de chêne et de gui.

La Chandeleur pâtit de la sainte Agathe, trois jours plus tard. Elle est confondue avec l'antique Déesse-Mère, fêtée le 2 février. Devenue dans sa forme occitane, « santo gato », rappel de la sainte apparue sous la forme d'un chat, ce jour marque l'interdiction de filer et de faire la lessive. Les pouvoirs de la sainte sur les orages sont tels qu'ils ébranlent les cloches des églises pour une protection contre la grêle et la foudre.

A Carnaval, on brûle le Bonhomme de paille. A Castelnaudary, les jeunes gens se couvrent de miel et se roulent sur un lit de plumes pour se déguiser. Le jour du Mardi gras, le village de Pezens organise une cérémonie où les jeunes gens noircissent leurs visages et se dirigent vers les maisons des jeunes mariés de l'année. Le tour du village à dos d'âne devenu « chevauchée pyrénéenne de l'étalon » devient tellement mouvementé qu'il sera interdit, en 1681, par le Parlement de Toulouse. Mais la confrérie de l'Ane, à Castelnaudary, l'organisera jusqu'en 1870.

 

A la Toussaint, jour des morts au pays, les défunts reviennent faire payer la parenté coupable d'avarice. Pour les apaiser, l'Aude leur offre des châtaignes bouillies. En Ariège, des provisions sont déposées pendant la messe de minuit. Une miche de pain, avec un couteau planté dedans, est recommandé.

A l'Ouest du col de Port, à Castillon-en-Couserans, la forme gasconne de la langue d'Oc est issue du comté de Comminges. Les populations des vallées du Lez, de Balaguères et de la Ballongue présentent des géants. Dans les vallées de la Haute-Ariège, on célèbre, aussi, la sainte du chat et l'on fête Mardi gras avec les crêpes. Au mois de Mai, parées de leurs plus beaux atours, les femmes de Bethmale assurent la veille des sacs de laine, à la foire de Castillon.

 

A Martres, le dimanche de la Trinité, une « Morisca » perpétue le souvenir des troupes Chrétiennes, portant croix sur le casque, faisant escorte aux reliques de Saint-Vidian victime des Maures et des Sarrasins aux turbans et pantalons bouffants. A Ax-les-Thermes et Salies-du-Salat, on danse la « traversée », saute des « brisés » et le boucher chante « La Bépa ». A Saint-Girons, on y pratique la « trompouso » au son des sifflets aigus des « hilhets ».

 

(1) « Fêtes pyrénéennes » - Violet Alford - Traduction Anne Foch - Editions Loubatières - mars 2004.