FETES PYRENEENNES :
LE PAYS DE LUCHON
Fille puînée d'un chanoine anglican attaché à la cathédrale de Bristol, rien ne prédispose Violet Alford (1881-1972) à devenir une folkloriste distinguée et ô combien pugnace de nos vallées pyrénéennes (1).
Marquée par l'éducation victorienne d'une gouvernante sévère et un séjour prolongé dans un collège suisse pour jeunes filles de la bonne société, elle se découvre « un amour de la vie, des personnes, des peuples et de leur culture » après avoir vaincu, quelques années plus tard, le spectacle répugnant d'un couple de danseurs de flamenco. Cette danse « immodeste et indécente » servira d'initiation jubilatoire au « cante jondo » de l'éternelle Andalousie.
Au début de la Grande Guerre, elle a 33 ans et s'engage dans le corps des Volontaires de la défense armée. Puis, elle fait connaissance avec Cecil Sharp, spécialiste des musiques et danses populaires, qui la convainc de les étudier systématiquement ainsi que toutes les implications ethnologiques qui pourraient en découler sur les fêtes populaires.
La notion de folklore étant apparue en Angleterre, vers 1876, elle découvre ce concept qui relève, tout à la fois, « de l'ethnologie, de l'histoire, de la géographie humaine, de la préhistoire et de l'enquête de terrain ».
Mais quel est le rapport avec les Fêtes pyrénéennes, me direz-vous ?
L'été 1902, elle réside à Saint-Jean-de-Luz avec sa famille et découvre avec curiosité « un groupe de danseurs basques enrubannés ». La vision de cette troupe de « danzarak », un après-midi de fête, la bouleverse. Ils sont vêtus « d'habits violemment bariolés, à deux couleurs dominantes et portent des bonnets à rubans » qui lui rappellent le costume des « Morris dancers » anglais. Elle observe que les accessoires : bâtons, épées, mouchoirs et les pas de danse sont identiques, à quelques nuances près.
Pour Violet Alford « c'est le coup de foudre et la révélation de l'existence d'une vaste culture européenne aux racines communes et aux frontières plus vastes que son île natale ».