CAMPAN : LE CRIME DE LA COLERE

 

Le 9 novembre 1814, vers 5 heures du soir, Borgella-Gayo est informé par ses enfants que Gaye-Mariolle a enlevé un billon de bois de sapin qui lui appartient dans la montagne des Mailhs, à Campan, et l'a caché derrière un rocher (1). Non, il ne s'agit pas de l'illustre Dominique Gaye-Mariolle, Premier Sapeur de France, qui n'a estourbi personne en dehors des champs de bataille.

 

Borgella attelle une paire de vaches pour reprendre son bien. Arrivé à hauteur du rocher, Jean-Pierre Gaye-Mariolle surgit tenant d'une main un «vase à lait de cuivre» et, de l'autre, une serpe ou «foussoir» dont l'usage était répandu dans nos vignes.

 

Hors de lui, Gaye lui demande de quel «ordre» il a récupéré le billon et, sans attendre une réponse, lui lance la serpe dont le tranchant vient se planter sur la tête du pauvre Borgella qui, renversé par la violence du coup, baigne dans son sang.

 

Gaye prend la fuite. Horrifiés, les enfants de Borgella descendent chercher du secours. Les voisins accourent et transportent le blessé dans sa maison où il est soigné. Après six jours «sans connaissance», il expire dans la nuit du 15 au 16 novembre 1814.

 

La famille de Jean-Pierre Gaye-Mariolle fera des démarches afin «d'assouplir cette affaire par un arrangement» et offrira à la famille de Dominique Borgella-Gayo une somme de 50 livres. On ira jusqu'à 100 livres pour «terminer l'affaire». Peine perdue.

 

L'accusation criminelle est d'abord portée devant Pierre Baylac, Juge de Paix, officier de police judiciaire du canton de Campan. Puis, Jean-Pierre Gaye-Mariolle est déclaré contumax et accusé de meurtre par le Procureur du Roi, le 13 février 1815, à Tarbes.

 

Quinze témoins sont appelés à la barre : 1 domestique, 1 servante, 2 journaliers, 1 charretier, 2 laboureurs, 2 sous-cultivateurs, 2 cultivateurs, 1 garde champêtre, 1 instituteur, 1 militaire retraité et Lacoste, chirurgien à Campan, qui affirme que Borgella-Gayo est mort de commotion cérébrale violente ayant paralysé ses fonctions intellectuelle et naturelle.

 

(1) Archives Départementales des H.P - Affaires criminelles - série U.

La fourrure d'hermine blanche des Présidents et des Procureurs généraux des Cours d'Appel.