GIAT TARBES VIVRA

 

Dimanche 18 mai 2003, les manifestants du GIAT projettent de rencontrer la ministre de la Défense au pélerinage internationnal militaire qui se tient traditionnellement à Lourdes. Le cortège tente une rencontre avec la Ministre mais, peine perdue, un cordon de policiers interdit toute approche. Palabres devant la mairie de Lourdes, les syndicats ne seront pas reçus par la représentante des Armées.

 

Vendredi 6 juin, se tient une réunion au ministère de la Défense pour fixer le plan de charge étatique, notamment en ce qui concerne le maintien des Matériels en Condition Opérationnelle (M.C.O) pour lequel le Centre de Tarbes est historiquement équipé. N'a-t-il pas déjà réalisé l'usinage de pièces, en tous matériaux, que beaucoup d'entreprises avaient refusé de traiter. Cette activité est indispensable à notre armée de Terre, donc, bonne pour Tarbes. Le Président de la République n'a-t-il pas affirmé vouloir remettre à niveau des matériels de notre armée de Terre? Je pense, en particulier, à notre char Leclerc, fleuron de notre Défense, que bien des pays nous envient et dont une maintenance rapprochée est indispensable. Alors ?

 

Mercredi 11 juin, sur l'emplacement du bâtiment 412, aujourd'hui réduit en parking, 800 retraités sont venus soutenir le mouvement de lutte de leurs camarades actifs, oh! combien! Daniel Gerbault (CGT), Albert Malfait (CFDT) et Christian Baratgin (FO) ont dit en termes simples que cette mobilisation des anciens leur faisait chaud au cœur et marquait leur attachement à cette maison qui doit continuer à vivre.

 

Mercredi 18 juin, les Arsenalistes font une action symbolique en boulonnant deux plaques de métal sur les portes de la Préfecture. Au nom de l'Intersyndicale, Daniel Gerbault déclare sur le perron de la maison du Préfet, représentant de l'Etat : "Il s'agit de se battre, résister, organiser la riposte face aux attaques, face à un crime d'Etat". Des accents gaulliens pour rappeler la lutte pour l'indépendance de notre pays que mènent les salariés du GIAT. Ce discours patriotique aura-t-il ému l'équipe des reporters de la BBC en tournage sur l'état des industries de l'armement, en Europe, après la guerre en Irak?

 

Mardi 24 juin, les experts ont recueilli, le 16 juin, auprès des représentants de l'Etat-major et de la Direction générale de l'Armement, les besoins des armées. La reprise d'activité est à noter vers 2006. Les besoins sont grands pour le maintien en conditions opérationnelles des blindés (MCO) : Modernisation des AMX10, AMX10P, rattrapage du retard du programme du Véhicule blindé de commandement d'infanterie VBCI, rétrofit du Leclerc. Besoins, aussi, en obus de moyens et gros calibres qui justifieraient amplement la stabilisation de l'atelier des Forges. Au total, 400 à 450 salariés productifs, ce qui est loin des 150 salariés du plan Vigneron.

 

Mercredi 25 juin, la direction du Centre de Tarbes dépose plainte pour menaces...devant le Procureur de la République : "Je ne veux pas que s'instaure un climat de terreur. Mon devoir est de protéger l'ensemble du personnel d'encadrement" déclare le directeur Pierre Fleury qui envoie un courrier à 130 employés de l'unité chaudronnerie carapaces. Le torchon brûle...

 

Vendredi 27 juin, les élus de gauche : socialistes, communistes, radicaux de gauche et verts, ont choisi de se démarquer du comité national des élus et de s'exprimer en leur nom. Ils demandent le retrait du plan Vigneron et la suppression de 700 emplois à Tarbes.

 

Mardi 1er juillet, le comité national composé de 16 élus monte enfin à l'assaut officiellement. On y remarque l'absence des socialistes Glavany et Hollande. Après le refus des grands quotidiens nationaux de faire paraître le texte, la tribune demande à Mme la ministre de la Défense de reconsidérer l'ensemble du dossier et d'engager une réflexion sur l'avenir industriel de GIAT Industries afin de ne pas ignorer la nécessité stratégique de préserver la France d'une incapacité industrielle en matière d'armement diversifié. Le comité en appelle à la haute autorité du Président de la République et à celle du Premier ministre.

 

Jeudi 3 juillet, 400 salariés occupent la gare de péage de l'autoroute A64. Toujours l'information et les sourires des usagers qui n'ont pas à s'acquitter du péage de sortie. Les femmes du collectif déposent à la Préfecture 17180 signatures de soutien à leur action.

 

Lundi 21 juillet, les salariés de GIAT ont fait une haie d'honneur pour le Tour de France. Jean-Marie Leblanc, son directeur, a reçu le t-shirt "GIAT Tarbes Vivra!" maillot à lettres rouges, une nouveauté dans l'histoire des maillots du Tour. Les congés sont là...

 

Mercredi 27 août, chaude reprise au GIAT. Le CCE du 10 septembre doit rendre l'avis de la direction sur le travail des experts mandatés par l'accord de méthode.

 

Vendredi 5 septembre, les deux cabinets d'experts : Syndex et Alfa Secafi rendent leur copie. Leurs conclusions sont sévères pour le plan "GIAT 2006" de la direction de GIAT Industries : "inéquitable, incomplet, peu efficace, inadapté". Les conséquences du projet sont lourdes en terme social et financier. Pour eux, certains sites peuvent être maintenus en activité, il faut abandonner les projets d'externalisation. La dotation financière pour le volet social est sous-estimée et la méthodologie pour conduire ce plan est dénoncée Les syndicats décident d'interpeller le Président de la République et l'opinion. Le dossier devient politique...

 

Mercredi 10 septembre, les salariés de GIAT déclarent la mobilisation et mettent en place un bulletin-réponse pour un "référendum d'initiative civique" qui paraît dans les deux quotidiens de la Ville. Deux questions y sont posées : 

 

1) Je suis pour l'application du plan Vigneron-Alliot Marie.

 

2) Je suis pour la prise en compte des propositions des experts mandatés par les élus et les personnels.

 

Une motion est remise au Préfet sous la forme de l'intervention du président de la Commission Industrielle faite lors du CCE, du 5 septembre, qui demande d'anticiper le plan de charge et des besoins en matériels qui se feront sentir, en 2007, de maintenir l'activité Tourelles, le maintien en conditions opérationnelles des blindés et de garantir l'approvisionnement national. Et de conclure que le sauvetage d'un millier d'emplois serait assuré ainsi que la garantie d'une politique de reconquête industrielle et le développement des bassins d'emploi.

 

A Paris, le CCE du GIAT a tourné court. La direction n'a pas voulu étudier les pistes et contre-propositions présentées par les cabinets d'experts. Elle refuse le maintien de l'outil de production des tourelles, à Tarbes. Non, aussi, à l'activité freins, au rapatriement de la production du caisson titane, au maintien de Dual Tech et à l'activité ingénierie. L'activité Forges n'est pas abordée. Les syndicats demandent une table ronde avec Michèle Alliot Marie.

 

Vendredi 12 septembre, l'Intersyndicale de GIAT rencontre M. Bilaud, nouveau Préfet des H.P. L'objectif de garder au moins 400 emplois au Centre de Tarbes est présenté au Préfet. Les parlementaires des H.P demandent audience auprès de la ministre de la Défense par l'envoi d'une lettre qui souligne la situation de blocage dans laquelle se trouve l'entreprise GIAT, à Tarbes.

 

Mercredi 17 septembre, les salariés du GIAT font la démonstration de leur mobilisation en envahissant l'aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées et en retardant le départ de trois vols de pélerins. Le but n'est pas d'ennuyer les passagers mais d'attirer l'attention de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense.

 

Le 23 septembre 2003, l'intersyndicale se rend au Sénat pour appeler à un front commun. Une quarantaine d'élus ont assisté à la réunion. Sans leur union, le plan Vigneron concernant l'avenir du GIAT sera adopté tel quel. Ce plan s'apparente à un véritable "nettoyage" affirme René Bardet, maire de Cusset. Luc Vigneron envisage la suppression de 4274 emplois et 3500 licenciements, soit 70% du personnel, sur les 6300 salariés que compte le GIAT. Selon Gérard Trémège, les élus vont demander audience à la ministre de la Défense pour connaître les alternatives retenues et celles qui ne l'ont pas été. Ils vont écrire au Président de la République. La député Chantal Robin-Rodrigo réclame le retrait pur et simple du plan et propose la désobéissance civile en refusant de transmettre aux services de l'Etat les actes administratifs.Il reste peu de temps, dit-elle.